Alors que nous passons au deuxième blogue de notre série sur le racisme systémique, il est essentiel de bien comprendre de quoi il s’agit. Pour travailler à l’éradication d’un comportement institutionnellement ancré, nous devons d’abord le définir.

Le racisme systémique tel que défini par le gouvernement de l’Ontario :

Le racisme systémique désigne la présence, au sein des organismes, d’une culture, de politiques, de pratiques, de directives ou de procédures qui entraînent l’exclusion, l’évincement ou la marginalisation de certains groupes racialisés ou qui entravent ces groupes de manière injuste et les empêchent de bénéficier d’avantages appréciables et de perspectives prometteuses. Cette situation résulte souvent de l’existence, au sein de ces institutions, de préjugés sous-jacents à la culture, aux politiques, aux directives, aux pratiques et aux procédures – en apparence neutres –, qui peuvent favoriser certains groupes et en défavoriser d’autres.

En outre, dans son exposé au Comité du patrimoine canadien en 2017, M. Sam Erry a défini le racisme systémique comme suit :

Le racisme systémique est souvent causé par les préjugés s’immisçant consciemment ou inconsciemment dans les politiques, les pratiques et les procédures qui privilégient ou défavorisent certains groupes en fonction de perceptions liées à la race. Ce n’est pas toujours intentionnel, mais cela ne change rien au traitement inéquitable qui en découle pour les Autochtones et les membres des minorités raciales.

Ce que je trouve le plus marquant à propos de cette définition, c’est qu’elle fait ressortir l’idée que, qu’il soit intentionnel ou non, le racisme produit le même résultat, à savoir une vie injuste et inéquitable pour les Autochtones et les Canadiens racialisés.

Comme nous l’avons vu, dans le monde entier, des pays et leur population s’engagent ouvertement et avec un esprit critique dans des dialogues qui visent à comprendre quels comportements sociaux et intuitifs témoignent d’un racisme systémique. En conséquence, certaines personnes voient ces conversations en évolution comme une attaque personnelle. Ce sentiment d’affront mal placé devient alors un obstacle à la reconnaissance de l’existence d’un racisme systémique dans des pays comme le Canada.

En réalité, quand nous parlons de racisme systémique, nous ne parlons pas de comportements individuels, mais du fonctionnement même d’une société. En effet, s’il avait été question d’attitudes individuelles, le problème aurait été plus facile à régler. Un bon système judiciaire et quelques lois peuvent être l’antidote, mais en nous penchant sur le problème pour mieux le comprendre et en prenant connaissance des diverses définitions, nous constatons que le racisme systémique est beaucoup plus compliqué qu’une question d’attitudes individuelles. Les gens doivent continuer à discuter de ces définitions et à vouloir savoir ce qu’elles signifient dans le contexte de leur propre société. Certains peuvent continuer à vivre dans le déni, mais vous pouvez en être certains, le mouvement mondial contre le racisme systémique prend de l’ampleur et il n’est pas prêt de disparaître.

Il va sans dire que les actions collectives contre le racisme que nous voyons poindre dans le monde entier m’émeuvent. Cela dit, j’estime qu’il est inacceptable qu’il ait fallu un mouvement mondial pour que ces questions passent enfin au premier plan des préoccupations politiques du Canada.

Publiquement, notre premier ministre est le premier dirigeant d’un pays du G7 à s’être agenouillé lors d’une manifestation du mouvement Black Lives Matter. Nous avons une commissaire de la GRC et de nombreux ministres qui reconnaissent maintenant que le racisme systémique existe vraiment dans les plus hautes institutions de notre pays, y compris les leurs. Ces aveux témoignent d’un échec manifeste à garantir des protections et des droits égaux pour tous, quelle que soit leur race, au Canada. Cependant, ils montrent aussi que ceux qui détiennent le plus de pouvoir et de contrôle sur ces institutions reconnaissent qu’un changement s’impose et que ceux qui l’exigent n’attendront pas. Nous devons tous nous défaire de l’idée fausse selon laquelle le Canada, en tant que pays, n’était pas complice de la perpétuation du racisme contre ses propres citoyens.

Le dernier pensionnat pour enfants autochtones n’a fermé ses portes qu’en 1996. Jusqu’en 1948, les Chinois qui cherchaient refuge au Canada étaient obligés de payer une « taxe d’entrée ». Comme nous le constatons encore, les revendications territoriales des Canadiens noirs en Nouvelle-Écosse restent largement en suspens.

En dépit de ces torts historiques dont nous continuons à observer les répercussions, nous devons croire qu’il y a un espoir de changement. Dans une décision récente, le juge Jamie Campbell a déclaré que les Néo-Écossais d’origine africaine sont victimes de racisme depuis des centaines d’années. Il a ajouté que le gouvernement provincial avait mal appliqué la loi en traitant des revendications territoriales.

Même si une société évolue, les cicatrices de ses torts et de ses inactions demeurent. Nous voyons encore les vestiges d’une histoire souvent méconnue qui a engendré, entre autres choses, un racisme institutionnel. Autrement dit, une culture du racisme qui renforce une conception erronée et inventée de toutes pièces de la race qui, en fin de compte, favorise les préjugés implicites et le racisme systémique dans son ensemble.

De toute évidence, nous connaissons le problème et son origine. Mes collègues politiciens, universitaires et militants racialisés nous disent depuis longtemps ce que nous devons faire. Il n’est plus nécessaire de poser d’autres questions et de chercher des faits. Il est temps d’être créatifs et stratégiques pour mieux définir et comprendre comment le racisme systémique vit de manière invisible dans notre société, et comment il a une incidence sur la vie et l’avenir des gens. Tout au long de cette série, nous allons approfondir les réalités vécues par les Canadiens racialisés.

Restez à l’écoute.