Comme nous l’avons établi dans nos précédents billets, une famille racialisée qui peine à trouver un emploi sera obligée de vivre dans un quartier défavorisé, ce qui annonce des difficultés au chapitre de l’éducation de ses enfants.

Il est indéniable que les enfants des quartiers défavorisés n’ont pas la même expérience scolaire que ceux des quartiers mieux nantis. En effet, de nombreux Canadiens choisissent un quartier en fonction de la réputation de ses écoles publiques, et les maisons situées dans la zone des écoles recherchées sont très prisées et plus chères.

Les écoles des quartiers défavorisés ont d’énormes difficultés à amasser des fonds pour acheter des équipements tels que des ordinateurs, du matériel de laboratoire, des appareils de vidéosurveillance, du matériel pour les terrains de jeux et des autobus scolaires pour les enfants ayant des besoins particuliers. En outre, elles ne seraient pas en mesure de collecter des fonds pour financer les heures de cours supplémentaires des enseignants afin d’aider les élèves. Les arts, les sports ou les activités parascolaires sont très limités.

Un autre problème auquel sont confrontés les élèves racialisés est la discrimination et la marginalisation dans leur école, quel que soit le niveau de revenu de leur quartier. La recherche la plus récente a été effectuée en 2016, et a conclu que les étudiants racialisés étaient disproportionnellement expulsés des écoles. Les étudiants noirs représentaient 12 % de la population étudiante du conseil scolaire du district de Toronto (TDSB), mais représentaient 48 % de toutes les expulsions. Les étudiants autochtones représentaient 0,3 % de la population, mais faisaient face à 1 % de toutes les expulsions. Les étudiants de la Méditerranée orientale et de l’Asie du Sud-Ouest représentaient 4 % de la population, mais 8 % ont été expulsés.

Au-delà des statistiques relatives aux expulsions, il existe une autre forme de discrimination : la marginalisation des enfants à l’école. Partout au Canada, des parents racialisés écoutent les histoires déchirantes racontées par leurs enfants qui ne comprennent pas pourquoi leurs professeurs ne leur répondent pas, ne les aident pas ou ignorent tout simplement leurs réussites. Ces parents doivent parler à leurs enfants et leur apprendre que ce que les autres pensent n’a pas d’importance, ce qui attise l’isolement ressenti par ces enfants.

En outre, les enfants racialisés sont souvent victimes d’intimidation à l’école. Selon un sondage mené l’année dernière par la CBC, plus de la moitié des jeunes qui s’identifient comme issus de minorités visibles disaient avoir été victimes d’injures ou de commentaires racistes. Un sur huit a déclaré que cela s’était produit plus de cinq fois. L’enquête a également révélé que 41 % des garçons affirmaient avoir été agressés physiquement à l’école secondaire.

Bien que peu d’endroits au Canada continuent de séparer les étudiants et de les orienter vers des programmes non académiques, cette pratique était encore en vigueur jusqu’à récemment, et elle illustre l’ampleur de la discrimination raciale dans les écoles. Les étudiants noirs et autochtones sont plus susceptibles d’être orientés vers des programmes non académiques que les étudiants blancs ou certains autres étudiants racialisés. En 2015, le TDSB a signalé que 53 % des étudiants noirs et 48 % des étudiants autochtones, comparativement à 81 % des étudiants blancs, étaient inscrits à des programmes d’études universitaires; tandis que 39 % des étudiants noirs et 41 % des étudiants autochtones, comparativement à 16 % des étudiants blancs, suivaient un programme d’études appliquées.

Les probabilités que les enfants obtiennent les notes nécessaires ou détiennent suffisamment d’argent pour s’inscrire à l’université et faire des études supérieures sont assez faibles. L’étude affirme que les enfants des familles aux revenus les plus bas sont environ deux fois moins susceptibles que les enfants aux revenus les plus élevés d’aller à l’université.

L’éducation est la pierre angulaire d’une vie réussie. C’est là que se forgent les compétences intellectuelles et le caractère. Si nous exposons les enfants à de l’intimidation, de la marginalisation et des actes racistes, nous gâchons intentionnellement leur avenir. C’est là que le racisme systémique est le plus hideux.

Comme pour les autres manifestations du racisme systémique au Canada, il faut davantage d’études et de recherches pour que nous puissions proposer des solutions efficaces.