Notre série de billets sur le racisme systémique touche à sa fin, et nous attendons avec impatience les changements à venir dans tous les ordres du gouvernement et tous les aspects de notre société canadienne. Je suis convaincue que nous serons témoins de progrès réels et tangibles, mais je sais aussi, comme tout le monde, que nul élan n’est permanent ou acquis, qu’il soit de nature politique ou sociétale.

C’est pourquoi il est essentiel, en cette période de sensibilisation et de préoccupation accrues à l’égard des personnes racialisées, et malgré un engagement renouvelé à éradiquer le racisme sous toutes ses formes, que nous continuions à nous éduquer et à nous éduquer les uns les autres.

En outre, nous devons travailler ensemble pour élaborer des stratégies de changements novateurs, idéalistes et qui étaient autrefois considérés comme impossibles, au Canada et dans le monde. Comme nous l’avons répété tout au long de cette série de billets et des balados qui les accompagnent, la première étape de ce processus de réflexion consiste à comprendre de manière holistique non seulement le racisme systémique, mais aussi ses sinistres nuances.

Je crois fermement que le racisme systémique n’a pas de voie définie que les personnes racialisées suivent par défaut. Il se veut plutôt une présence existentielle pesant sur elles tout au long de leur vie, et dont l’aspect le plus néfaste est sa nature cyclique. En termes simples, il est impossible de savoir si une personne sera surtout touchée par le racisme sur le marché du logement, par son manque de perspectives d’emploi, par son manque d’accès à des soins de santé mentale et physique adéquats, ou si elle sera simplement piégée dans la porte tournante des institutions qui sont devenues des prisons et des pénitenciers au Canada.

Par exemple, même si une personne racialisée a eu accès à des possibilités d’éducation et qu’elle a pu s’en prévaloir, cela ne garantit en aucun cas qu’elle aura un emploi, encore moins un emploi bien payé, qui l’attendra à la fin de ses études. Qui plus est, même si elle obtient un emploi, il y a peu de chances d’avancer sans l’aide et l’alliance de collègues ou de mentors non racialisés, qui ne sont guère faciles à trouver.

De même, une personne racialisée qui obtient un succès financier dans un contexte de racisme systémique dans le domaine de l’emploi n’a aucune garantie qu’elle ne sera pas victime de pratiques policières racistes telles que le fichage, qui, bien trop souvent, mènent à la détention, à l’inculpation et, en fin de compte, à l’institutionnalisation.

Tout cela pour dire qu’il n’existe pas d’expérience universelle du racisme systémique, qu’il est partout et qu’il se manifeste partout. C’est pourquoi je crois que les initiatives législatives sont essentielles à toute stratégie de construction de solutions. Ces initiatives font office de précurseurs et d’indicateurs d’un changement réel, tangible et systémique dans la lutte contre le racisme. Soulignons comme exemple l’analyse raciale et la mise sur pied d’un comité ministériel désigné pour étudier et superviser les impacts continus des génocides historiques et du racisme systémique contemporain.

Mettons les vastes ressources de notre grand pays, le Canada, à notre profit. Ensemble, nous pouvons et nous allons changer notre pays et, à notre tour, nous montrerons au monde comment le faire.