Enclave, Ottawa Women’s Monument – Minto Park, Ottawa, Ontario Canada

« À la mémoire de
toutes les femmes
qui ont subi jusqu’à la mort
la violence des hommes
Imaginons un monde
où les femmes
libérées de l’emprise de la violence
s’épanouissent
dans le respect et la liberté »

Ces mots sont gravés sur l’Enclave, le monument aux femmes d’Ottawa, situé à 3 kilomètres seulement de nos bureaux du Sénat. Je visite ce moment chaque fois que j’en ai l’occasion, pour me recueillir et me souvenir. Mais depuis le meurtre brutal de 14 femmes il y a près de 30 ans, en faisons-nous assez pour mettre fin à la violence contre les femmes?

Les statistiques révèlent que 67 % des Canadiens connaissent une femme ayant été victime de sévices physiques ou sexuels et que, chaque jour, six femmes sont tuées par leur partenaire. L’agression sexuelle est la seule infraction avec violence qui n’est pas en diminution au Canada, en plus d’être celle que les femmes signalent le moins fréquemment à la police.

La situation n’est pas meilleure ailleurs dans le monde. Selon les études d’ONU Femmes, une femme sur trois subit des sévices physiques de son partenaire. Les chiffres sont révoltants.

  • Les femmes et les filles représentent 72 % de toutes les victimes connues de la traite des personnes dans le monde.
  • Aujourd’hui, 650 millions de femmes et de filles dans le monde ont été mariées avant l’âge de 18 ans.
  • Au moins 200 millions de femmes et de filles âgées de 15 à 49 ans ont subi une mutilation génitale.
  • 15 millions d’adolescentes (de 15 à 19 ans) ont eu des relations sexuelles forcées.
  • Moins de 40 % des femmes victimes de violence demandent de l’aide.

Le gouvernement canadien a agi en lançant une stratégie fédérale sur la violence fondée sur le sexe, engageant 200 millions de dollars pour accroître les efforts. Pour certains, cette somme pourrait paraître excessive, mais, selon la Fondation canadienne des femmes, chaque année les Canadiens affectent collectivement 7,4 milliards de dollars à la gestion des conséquences de la violence conjugale seulement.

« Il ne cessait de me gifler. J’avais l’impression d’avoir le visage en feu. Ma fille de 2 ans était là. Je voyais ses larmes. Je ne pensais qu’à mon bébé, en me disant que cela pourrait lui arriver un jour; se faire battre par lui ou un autre homme. Je me suis alors répété que je ferais mon possible pour que ces événements n’affectent pas mon bébé psychologiquement. Je me disais une seule chose : je ne dois pas pleurer; je ne dois pas m’effondrer. J’ai donc ravalé mes larmes. Pendant des années, je n’ai pas pu verser une seule larme. J’ai demandé de l’aide à nos deux familles, qui m’ont répondu par la même question : qu’as-tu fait pour le provoquer? Je me suis dit que si nos familles ne pouvaient aider, la police ne s’y intéresserait sûrement pas. Je ne l’ai jamais dénoncé. J’ai pris mon enfant et j’ai quitté mon conjoint. Vingt ans plus tard, je cours toujours. »

Les histoires de ce genre sont très courantes, et cette femme est considérée comme très chanceuse. Elle a seulement été frappée. Elle n’a pas subi de blessures. Elle est toujours vivante.

Je me demande pendant combien d’années encore nous aurons à parler de violence contre les femmes.