1re Session, 43e Législature
Volume 151, Numéro 15
Le mercredi 11 mars 2020
L’honorable George J. Furey, Président
Projet de loi concernant Guides du Canada
Projet de loi d’intérêt privé—Deuxième lecture—Ajournement du débat
L’honorable Mobina S. B. Jaffer propose que le projet de loi S-1001, Loi concernant Guides du Canada, soit lu pour la deuxième fois.
— Honorables sénateurs, c’est un honneur de prendre la parole à propos du projet de loi S-1001, Loi concernant les Guides du Canada. Il est question ici d’un organisme, les Guides du Canada, qui me tient beaucoup à cœur, comme c’est le cas aussi, je l’ai appris, pour un grand nombre de mes collègues. Je reviendrai sur ce point dans quelques instants.
En 1909, en Angleterre, des jeunes filles ont exigé de prendre part à un rassemblement scout organisé par Lord Baden-Powell au Crystal Palace de Londres. Ces filles ont vu ce que les scouts faisaient et voulaient pouvoir faire les mêmes choses. Impressionné par leur ténacité et leur esprit d’initiative, Lord Baden-Powell a demandé à sa sœur, Agnes, de créer un programme pour les filles.
C’est ce jour-là que les filles ont lancé le mouvement des guides, où de jeunes filles peuvent se rassembler pour découvrir ce qui est important pour elles et entreprendre diverses activités qu’elles ne peuvent pas faire à la maison ou à l’école. Ce mouvement a créé un lieu ou les filles ont pris l’initiative de découvrir ce qui était important pour elles. Dès le début, ces jeunes filles cherchaient à vivre de nouvelles expériences.
Un an plus tard, le guidisme fait son entrée au Canada. Dès 1912, des unités sont formées dans toutes les provinces, et de nombreuses Canadiennes parmi les plus avant-gardistes se rassemblent pour créer la Canadian Girl Guides Association.
Je vous demande tous votre aide pour faire en sorte que le projet de loi soit adopté. Lors de la dernière législature, j’ai présenté ce projet de loi, qui est mort au Feuilleton, à l’étape de la troisième lecture. Le sénateur Dalphond avait amendé le projet de loi précédent et ces amendements font maintenant partie intégrante du présent projet de loi. Ils prévoient notamment que les Guides du Canada suivront la règle selon laquelle toutes les organisations doivent se doter de dispositions indiquant que les administrateurs sont personnellement responsables des salaires impayés, et ce jusqu’à concurrence de six mois, conformément au paragraphe 146(1) de la Loi canadienne sur les organisations à but non lucratif.
Honorables sénateurs, aujourd’hui, les Guides du Canada regroupent 75 000 filles, qui sont soutenues par 20 000 femmes d’un océan à l’autre. Dès la première rencontre, il a été convenu qu’il s’agirait d’un organisme exclusivement féminin dont les membres pourraient faire des choix, avoir leur propre voix et mettre leurs idées en pratique.
Les Guides du Canada offrent une occasion hors pair de gagner en autonomie dans un environnement sûr, favorable et inclusif et fournissent des programmes adaptés aux réalités que vivent les filles. Le guidisme est un catalyseur de développement de l’autonomie des filles par des filles. Ce mouvement joue depuis longtemps un rôle de premier plan chez les filles en les aidant à acquérir les compétences et l’expérience nécessaires pour essayer de nouvelles choses. Il offre divers programmes, allant d’activités innovantes dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques à des aventures en plein air et des discussions sur la santé mentale et les relations saines.
Honorables sénateurs, les Guides du Canada offrent une multitude d’activités et de programmes à la fois positifs et éducatifs. Je pense par exemple au programme My Mighty Mind, une vaste initiative sur la santé mentale destinée aux filles âgées de 5 à 17 ans partout au Canada et conçue pour les aider à acquérir une bonne attitude en matière de santé mentale.
C’est en écoutant les filles et en comprenant ce qu’elles vivent que les Guides du Canada sont en mesure d’être à l’écoute et d’œuvrer pour un monde meilleur pour les filles.
Pour les 43e élections fédérales canadiennes, les Guides du Canada ont créé une série d’activités baptisée « Voices to Votes ». Ces activités permettaient aux filles de notre grand pays d’en apprendre plus sur le processus démocratique et de voir concrètement comment fonctionne un scrutin.
Les Guides du Canada est une organisation inclusive, diversifiée et adaptée aux filles d’aujourd’hui. Ces valeurs sont au cœur de son objectif, qui est d’offrir un lieu sûr où des filles de tous les horizons peuvent acquérir de la confiance en elles, gagner en débrouillardise et en indépendance, s’ouvrir l’esprit et s’épanouir. Cette organisation sait depuis plus de 100 ans déjà qu’il n’y a pas de limites à ce que les filles peuvent accomplir quand on leur donne la chance de découvrir leurs propres capacités et d’explorer les innombrables possibilités qui s’offrent à elles, peu importe le chemin qu’elles choisiront. Elle encourage et aide les filles à relever constamment de nouveaux défis.
Honorables sénateurs, nous sommes bien conscients du fait que les jeunes filles et les femmes se butent encore à des obstacles et que les possibilités qui s’offrent à elles sont limitées.
Des programmes axés sur les jeunes filles mettent l’accent sur leurs besoins particuliers et sur les barrières sociales auxquelles elles font face, et les amènent aussi à observer des femmes en position de leadership.
Le monde actuel est en constante évolution et de plus en plus complexe, et le sexisme perdure. Il ne fait aucun doute que les jeunes filles ont besoin, plus que jamais, d’un organisme tel que les Guides du Canada.
De nos jours, les filles qui font partie du mouvement des guides découvrent leur identité. Elles fixent leurs propres objectifs. Engagées dans cette voie, elles savent qu’elles peuvent gagner en assurance, en débrouillardise et en autonomie.
Honorables sénateurs, j’ai le mouvement des guides dans le sang. Dans sa jeunesse, ma mère a été guide et elle a travaillé avec lady Baden-Powell au Kenya. Elle m’a souvent parlé de ses aventures de guide, de ses séjours en camping et des rôles de leader qu’elle a assumés au Kenya. À cette époque, à part d’aller à l’école, ses amies et elle ne pouvaient faire rien d’autre que de se joindre au mouvement des guides. C’était la seule possibilité qui s’offrait aux filles à cette époque.
Jeune mariée, ma mère a déménagé à Kampala, en Ouganda, où elle est devenue cheftaine de guides, offrant à de jeunes Ougandaises la possibilité d’exceller. Mes sœurs et moi avons aussi fait partie des jeannettes et des guides. J’ai été seconde guide de la reine en Afrique de l’Est, puis Girl Scout à Tacoma, dans l’État de Washington. Le mouvement des guides m’a permis d’acquérir de nombreuses compétences en leadership.
Honorables sénateurs, je suis très chanceuse de vivre au Canada. J’ai acquis d’excellentes compétences en leadership et, en étant cheftaine de guides, j’ai pu aider ma famille à s’intégrer au Canada. J’ai été cheftaine de jeannettes, de guides et d’éclaireuses, mais, surtout, j’ai emmené en camping des filles de partout au Canada.
Pendant plusieurs années, en tant que commissaire chez les guides, j’ai pu encourager d’autres jeunes femmes à devenir des leaders et à occuper des postes de responsabilité. De nombreuses jeunes femmes m’ont affirmé que, n’eût été l’encouragement des guides, elles ne seraient jamais parvenues à s’intégrer à la société canadienne aussi bien qu’elles l’ont fait.
Honorables sénateurs, les Guides du Canada ont eu une incidence énorme sur la femme que je suis aujourd’hui. Je prends la parole pour appuyer sans réserve les Guides du Canada et leur attachement constant à encourager les filles à faire preuve d’assurance, d’ingéniosité et de courage, mais, surtout, à faire changer les choses dans le monde.
Les Guides du Canada ont demandé que l’on présente un projet de loi d’intérêt privé au Parlement du Canada pour que leurs rôles et leurs procédures actuels, en tant qu’organisme moderne, se reflètent fidèlement dans leur charte constitutive.
Honorables sénateurs, la gouvernance des guides est officialisée dans une loi spéciale du Parlement, la Loi constituant en corporation « The Canadian Council of The Girl Guides Association », c’est-à-dire le chapitre 77 des Statuts du Canada de 1917. La loi a été modifiée à deux reprises, soit en 1947 et en 1961. Dans l’ensemble, cette loi de gouvernance demeure pratiquement inchangée.
Dans ce projet de loi d’intérêt privé, les Guides du Canada entendent moderniser le libellé pour refléter leurs objectifs et leur mission, apporter des modifications de nature administrative à leurs dispositions de procédure et incorporer certaines dispositions de la Loi canadienne sur les organisations à but non lucratif. Comme je l’ai déjà mentionné, le projet de loi comprend aussi les amendements que le sénateur Dalphond a apportés au projet de loi précédent.
Honorables sénateurs, je vous demande aujourd’hui d’appuyer la modernisation des objectifs des Guides du Canada en renvoyant le projet de loi au comité aussitôt que les comités auront été constitués. Je vous remercie de votre aide.
Des voix : Bravo!