1re Session, 42e Législature,
Volume 150, Numéro 131
Le mardi 13 juin 2017
L’honorable George J. Furey, Président
Le développement international
La politique de développement féministe
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Ma question s’adresse au leader. Monsieur le leader, j’ai été heureuse d’apprendre que la ministre du Développement international, Mme Bibeau, a présenté une politique dite de développement féministe. D’après ce que je peux voir, il s’agit d’aller à la rencontre des femmes. Puisque vous êtes dans le secret de ces choses, pourriez-vous expliquer exactement en quoi consiste une politique de développement féministe?
L’honorable Peter Harder (représentant du gouvernement au Sénat) : Je remercie l’honorable sénatrice de sa question et de l’attention qu’elle porte à la très importante déclaration faite par la ministre du Développement international, dans le cadre d’un repositionnement de la politique étrangère du gouvernement, dont une partie passe de la ministre Freeland au ministre de la Défense et à la ministre responsable de l’aide internationale.
Le gouvernement préconise une politique d’aide internationale féministe pour favoriser une plus grande égalité entre les deux sexes et l’autonomisation des femmes et des filles. Le Canada estime que c’est la meilleure façon de faire reculer la pauvreté et de créer un monde plus accueillant pour tous, plus pacifique et plus prospère. La décision d’adopter cette politique féministe repose sur les besoins des plus pauvres et des plus vulnérables, sur les résultats de vastes consultations auprès des Canadiens et de la communauté internationale et sur les observations des milieux du développement. Cette politique doit aussi refléter les valeurs et les compétences du Canada. Nous savons également que les femmes et les filles sont les plus pauvres, les plus exposées à la pauvreté, à la violence et même aux conséquences des changements climatiques. Cependant, lorsque nous leur donnons les moyens d’exploiter leur plein potentiel, elles deviennent de formidables agents du changement, du développement et de la paix, et tout le monde profite de leurs actions : les collectivités, les hommes, les garçons et d’autres groupes vulnérables.
Voici un dernier point : le budget a prévu que les projets qui visent à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles auront des ressources qui passeront de 2 à 15 p. 100 sur cinq ans, avec un engagement de 650 millions de dollars sur trois ans. Le gouvernement double les montants affectés à la défense des droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Le gouvernement bonifie aussi de façon appréciable les montants affectés à la santé des mères et des nouveau-nés.
La sénatrice Jaffer : Monsieur le leader, lorsque j’ai lu ce que la ministre essayait de faire, je me suis sentie vraiment fière, car ce sont les femmes qui font le travail de développement et nous leur donnons maintenant les moyens de se prendre en main. C’est excellent.
J’éprouve une certaine réserve, cependant, et je voudrais que vous tiriez quelque chose au clair. Nous avons désormais une politique féministe en matière d’aide au développement international, mais notre politique étrangère est-elle également féministe?
Le sénateur Harder : Je remercie l’honorable sénatrice de sa question, qui fait plus ou moins suite à celle qu’elle a posée la semaine dernière.
À n’en pas douter, le gouvernement estime que les trois axes de sa politique se renforcent mutuellement, et, comme la ministre des Affaires étrangères l’a dit clairement dans son exposé, les priorités du gouvernement sont intégrées. Je pourrais parler d’autres orientations en matière d’aide au développement international auxquelles la ministre Freeland a fait allusion dans son discours sans toutefois les expliquer complètement. En somme, les politiques sont effectivement intégrées et s’insèrent dans l’approche globale que le gouvernement a adoptée à l’égard du développement international, de la politique étrangère et même de la défense.
La sénatrice Jaffer : Monsieur le leader, j’ai dit, et je le pensais vraiment, que je me réjouis de ce qu’a fait la ministre Bibeau. Je sais que vous et moi interprétons différemment l’énoncé de politique étrangère. Après avoir entendu vos propos, j’ai relu l’énoncé attentivement. Je n’y relève que quelques fois le mot « femme ». Ce qui m’a vraiment déçue, en matière de politique étrangère, c’est que, alors que nous étions autrefois à l’avant-garde — puisque, en 2000, le Canada a défendu, dans la résolution 1325, l’initiative Femmes, paix et sécurité —, il semble maintenant que l’autonomisation des femmes soit une préoccupation qui a complètement disparu. Ai-je raison?
(1440)
Le sénateur Harder : Merci de votre question, sénatrice Jaffer. Je ne voudrais pas dire que vous avez tort, car ce serait impoli, mais le gouvernement du Canada estime certainement qu’un ministère, Affaires mondiales Canada, regroupe tous ses moyens d’action en matière de politique et qu’ils sont cohérents et intégrés. Cette politique nettement féministe qui est plus particulièrement définie pour le développement, sous l’égide de la ministre des Affaires étrangères, est au cœur même du programme international du gouvernement.