Débats du Sénat (hansard)
2e Session, 40e Législature,
Volume 146, Numéro 52
Le mercredi 16 septembre 2009
L’honorable Noël A. Kinsella, Président
Le traitement des citoyens canadiens à l’étranger
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, la semaine dernière, Yasmin Alibhai-Brown, une journaliste britannique, une amie à moi avec qui j’ai grandi en Ouganda, a lancé son nouveau livre, ici, au Canada. Elle a parlé de quelques Ougandais d’origine asiatique qui ont la chance de trouver asile au Canada et d’autres qui se sont enfuis de leur pays pour fuir la dictature d’Idi Amin.
Lorsque le premier ministre Pierre Elliott Trudeau a dit aux Ougandais d’origine asiatique qu’ils étaient les bienvenus au Canada, il nous a dit qu’il voulait que nous devenions partie intégrante de ce pays formidable et que nous participions à l’édification d’un Canada encore plus formidable. Depuis, les Ougandais d’origine asiatique travaillent fort afin d’être partie intégrante de l’édification de ce pays. Rahim Jaffer a été député à l’autre endroit pendant des années. Quant à moi, j’ai eu l’insigne honneur de travailler avec tous les sénateurs dans cette assemblée. Les Ougandais d’origine asiatique se sont sentis chaleureusement accueillis au Canada et ils sont partie intégrante de la société canadienne.
Il semble que cet accueil se refroidisse depuis quelques années. Lorsque je voyage au Canada, on me demande systématiquement pourquoi le gouvernement vient en aide à certains Canadiens qui sont coincés à l’étranger alors qu’il laisse un autre citoyen canadien, inculpé de meurtre lorsqu’il était un jeune soldat, languir dans les geôles de Guantanamo Bay.
La détention d’une citoyenne canadienne au Kenya pendant trois mois, loin de sa famille, qui s’est produite parce que des fonctionnaires consulaires canadiens ne croyaient pas qu’elle était la personne qu’elle prétendait être, nous interpelle encore davantage. Il aura fallu trois mois avant qu’on libère cette Canadienne.
La situation de cette jeune mère qui a été obligée de subir une telle épreuve suscite énormément de questions. Au Canada, on s’inquiète de plus en plus du fait que l’aide et la protection auxquelles ont droit les citoyens canadiens en voyage à l’étranger est fonction de la couleur de leur peau. En tant que sénateurs, un de nos rôles clés consiste à protéger les minorités. Aucun sénateur ne saurait accepter que des membres des minorités canadiennes soient traités comme des citoyens de deuxième ordre.
Lorsque j’étais enfant, je prenais des leçons de piano et je me rappelle à quel point j’embêtais ma mère lorsque je n’utilisais que les touches noires ou les touches blanches. L’harmonie n’y était pas. Ma mère me disait alors qu’il fallait utiliser les touches noires et les touches blanches pour obtenir des vibrations harmonieuses. Lorsque j’ai eu l’honneur d’être nommée au Sénat en 2001, j’ai vu que mes collègues des deux côtés savaient comment s’y prendre pour obtenir l’harmonie en faisant la promotion de l’égalité pour tous les Canadiens, sans égard à la couleur de leur peau.
Aucun sénateur ne saurait tolérer la perception selon laquelle les Canadiens qui sont à l’étranger sont traités de façon différente, au cas par cas. J’invite les sénateurs à prendre position et à assurer qu’on réserve le même traitement à tous les Canadiens, ici au Canada et particulièrement à l’étranger.