Débats du Sénat (hansard)
3e Session, 40e Législature,
Volume 147, Numéro 43
Le mercredi 23 juin 2010
L’honorable Noël A. Kinsella, Président
L’attentat à la bombe contre le vol 182 d’Air India
Le vingt-cinquième anniversaire
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, nous soulignons aujourd’hui le 25e anniversaire de l’attentat à la bombe contre le vol d’Air India, qui est souvent décrit comme la plus grande tuerie dans l’histoire du Canada.
En 1985, peu après l’attentat, le premier ministre Mulroney a communiqué avec le gouvernement indien pour lui présenter des excuses. Il aura toutefois fallu 25 ans pour que les familles canadiennes des victimes reçoivent des excuses semblables.
La semaine dernière, le juge Major a publié son rapport sur l’attentat. Ce n’est qu’un quart de siècle après l’attentat qu’on a officiellement reconnu que le gouvernement du Canada avait commis des erreurs et qu’il devait s’excuser.
L’attentat a été terrible non seulement pour le Canada et l’Inde, mais pour le monde entier.
L’explosion de l’avion d’Air India a tué 329 personnes, pour la plupart des Canadiens, mais les familles qui ont perdu des êtres chers dans cette tragédie ont aussi éprouvé de graves souffrances.
Pendant 25 ans, les familles des victimes ont été traitées avec très peu d’égards par notre gouvernement et ses organismes.
Ces familles ont réclamé justice. Elles ont réclamé des réponses à leurs nombreuses questions. Elles ont réclamé des indemnités. Malheureusement, justice n’a pas été rendue, les questions sont restées sans réponse et aucune indemnisation n’a été versée.
Comme le déclare avec tant d’éloquence le juge Major :
Le gouvernement a traité avec peu d’égards les familles des victimes de l’attentat. Pendant très longtemps, il semblait tenir davantage à se justifier et à nier ses torts, détournant ainsi son attention de la souffrance et des besoins des familles.
Insatisfaites des réponses qu’elles obtenaient à l’époque, les familles ont, à maintes reprises, réclamé une enquête publique sur la tragédie. Devant le refus constant du gouvernement, les familles ne pouvaient qu’éprouver exaspération et incertitude.
La publication du rapport nous amène à nous demander pourquoi tout le processus a été si long. Pourquoi a-t-il fallu un quart de siècle pour en arriver là où nous en sommes aujourd’hui?
Le juge Major avance la théorie suivante :
[…] l’insensibilité du gouvernement du Canada à leur endroit [pourrait] amener les familles des victimes à se demander si la réaction aurait été la même dans le cas où la grande majorité des victimes auraient été des Canadiens de race blanche.
Honorables sénateurs, 25 ans après la tragédie, la commission d’enquête sur l’attentat à la bombe contre le vol d’Air India a conclu que les familles des victimes méritent des excuses et une indemnisation. Le premier ministre Harper fera des excuses aujourd’hui, mais quand notre gouvernement versera-t-il aux familles l’indemnité à laquelle elles ont droit?
Je sais bien que cela ne se fera pas du jour au lendemain. Je crois toutefois qu’il est crucial d’établir un échéancier afin d’éviter que les familles n’aient à attendre trop longtemps avant d’être indemnisées.
Honorables sénateurs, ces gens souffrent depuis déjà deux décennies et demie. Aidons-les enfin à essuyer leurs larmes.