Débats du Sénat (hansard)
1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 35
Le mercredi 30 novembre 2011
L’honorable Noël A. Kinsella, Président
La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, le 25 novembre marquait la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et le début des 16 Jours d’activisme contre la violence faite aux femmes.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, au moins une femme sur trois dans le monde a été battue ou violée ou a subi d’autres formes de violence au cours de sa vie. En outre, la victime connaît généralement l’auteur des sévices.
Même si aucune femme au Canada n’est à l’abri de la violence, le nombre de victimes autochtones est, malheureusement, disproportionné. En effet, les femmes autochtones du Canada sont trois fois plus à risque que les femmes non autochtones d’être victimes de violences.
Honorables sénateurs, c’est tout simplement inacceptable. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et permettre que des femmes canadiennes souffrent dans notre propre cour. Au cours des deux prochaines semaines, pendant que nous réfléchirons sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, nous devrions nous pencher sur les possibilités d’aider les personnes les plus vulnérables de notre société.
Depuis quelques semaines, le Comité sénatorial permanent des droits de la personne étudie le projet de loi S-2 concernant les biens immobiliers matrimoniaux dans les réserves. Dans le cadre de cette étude, le comité a été informé des situations extrêmement précaires dans lesquelles se retrouvent souvent les femmes autochtones du Canada.
Une femme courageuse appelée Rolanda Manitowabi, qui a fait part de son histoire et de ses expériences personnelles à notre comité, est dans mes pensées et prières depuis lundi. Elle a rouvert ses plaies devant le comité, afin d’aider d’autres femmes autochtones. Elle nous a expliqué qu’elle a souvent eu peur et qu’elle s’est souvent sentie désarmée lorsque sa relation avec son mari est devenue stressante et tendue. Au bout de cinq ans, Mme Manitowabi a décidé de mettre fin à la relation. Puisqu’elle n’avait pas accès aux ressources que plusieurs d’entre nous tiennent pour acquises, elle n’a eu d’autre choix que de continuer à vivre avec son ex-mari, sinon elle se retrouvait à la rue.
Mme Manitowabi a vécu pendant six mois sous le même toit que son ancien mari, craignant constamment pour sa sécurité. Un jour, elle est rentrée chez elle et a constaté que sa clé ne lui permettait plus d’ouvrir la serrure. Son fils et elle, effrayés et sans défense, n’avaient nulle part où aller.
Honorables sénateurs, ce qu’a vécu Mme Manitowabi illustre la situation terrible dans laquelle se retrouvent les femmes autochtones de notre pays. Le Canada doit agir et fournir des ressources à ces femmes. Il faut investir dans les ressources pour que les femmes comme Mme Manitowabi puissent avoir accès à la justice. Il faut créer des refuges pour que les femmes autochtones qui ont été victimes de violence sachent où aller pour être en sécurité.
Honorables sénateurs, pendant que nous essayons de trouver des façons d’éliminer la violence faite aux femmes, n’oublions pas les femmes autochtones comme Mme Manitowabi, qui ont désespérément besoin de ressources pour fuir la violence dont elles sont victimes.