« Il s’agit là de la scène la plus extraordinaire jamais vue. Nous entendons parler de ce bateau depuis quatre ou cinq jours que mentionnent des appels téléphoniques très, très occasionnels qui nous sont parvenus et qui racontent le sort désespéré de ces gens. Personne ne savait où ils étaient. Nous les cherchons depuis longtemps… et maintenant, nous les avons trouvés. »

Jonathan Head (BBC) fait état d’un navire abandonné rempli à ras bord de centaines de réfugiés Rohingya, extrêmement malnutris et laissés à la dérive par l’équipage du navire. Ces personnes avaient tout risqué pour échapper à la persécution qui afflige les Rohingya au Myanmar. Selon certains, les crimes commis contre eux équivalent à un génocide.

Les Rohingya sont un groupe musulman minoritaire vivant au Myanmar, dans l’État d’Arakan, une petite région bordant le Bangladesh et le golfe du Bengale. On ignore quelles sont les origines exactes des Rohingya, mais elles remontent à deux vagues distinctes de migrants bengalais musulmans dans la région.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats britanniques ont entraîné les groupes ethniques musulmans d’Arakan pour qu’ils combattent les Birmans pro-japonais. Les tensions ont persisté entre les Rohingya et les Birmans après la guerre, jusqu’à ce qu’un conflit éclate entre eux dans les années 1950.

La situation désastreuse des Rohingya s’est aggravée avec l’institution de la Loi de la citoyenneté de 1982, qui leur interdisait d’être considérés comme des citoyens. Ils ont plutôt été décrits comme étant des étrangers bengalis et privés dès lors de nombreux droits.

Depuis ce temps, le gouvernement du Myanmar et certains moines bouddhistes radicaux ont appliqué une impitoyable stratégie de ségrégation à l’encontre des Rohingya et se sont employés à les tuer systématiquement. Les Rohingya ont été relégués dans de misérables ghettos et privés du droit de vote, de soins de santé convenables, du droit à l’éducation et de l’accès à la nourriture, et le nombre des enfants qu’une famille peut compter a même été limité.

Par conséquent, des centaines de milliers de Rohingya ont fui l’Arakan et se sont désespérément mis à la recherche d’un nouveau foyer pour remplacer celui qui les avait abandonnés. On estime que 25 000 Rohingya ont entrepris un dangereux périple en montant à bord de navires de passage de clandestins, afin de trouver refuge en Malaisie, en Thaïlande ou dans n’importe quel pays qui accepterait de les accueillir.

Malheureusement, même ces pays n’en veulent pas. Connus comme étant « les personnes les moins voulues du monde », les Rohingya montés à bord d’un navire de passage de clandestins sont souvent abandonnés par l’équipage et laissés ainsi à la dérive, à la merci des océans.

Qui pis est, la lauréate du prix Nobel de la paix et la dirigeante de facto du Myanmar, Aung San Suu Kyi, ne considère pas que la situation actuelle dans l’Arakan équivaut à une « épuration ethnique ». Suu Kyi prétend que les hauts cris de la collectivité internationale sont exagérés et sans fondement. Cette attitude insensible à l’endroit des Rohingya entrave tout effort visant à soulager les souffrances de ces derniers.

Au cours des prochaines semaines, nous illustrerons la situation désespérée des Rohingya en mettant en lumière l’actualité, les statistiques pertinentes et les récits personnels de réfugiés rohingya. Veuillez vérifier notre site toutes les deux semaines alors que nous discuterons de la crise de ces réfugiés. Nous vous invitons aussi à vous joindre à nous pour inciter Aung San Suu Kyi à prendre position en faveur des Rohingya opprimés. Après tout, nous l’avons appuyée pendant les nombreuses années où elle a lutté pour les droits de la personne au Myanmar. L’heure est venue pour elle d’offrir son appui en retour.