En tant que vice-présidente du Comité permanent de la sécurité nationale et de la défense, j’ai eu l’occasion d’examiner plusieurs des importantes questions qui touchent nos Forces armées canadiennes, dans le cadre de notre étude sur l’Examen de la politique de défense. Les résultats de cette étude sont présentés dans deux de nos plus récents rapports, Réinvestir dans les Forces armées canadiennes : un plan pour l’avenir et Sous-financement des Forces armées canadiennes : passons de la parole aux actes.

Malheureusement, étant donné la nature succincte de ces rapports, il m’a été impossible d’entrer dans les détails de beaucoup de ces questions, chose que je ferai dans le présent article.

Premièrement, j’approfondirai la question du retard que prennent les Forces armées canadiennes (FAC) quant à leurs objectifs de diversité, qui sont de 11,8% pour la représentation des minorités visibles et de 3,4 % pour la représentation des Autochtones.

Dans notre étude, nous avons appris que le Canada avait atteint à peine la moitié de ces objectifs! À l’heure actuelle, les minorités visibles ne constituent que 6,5 % des FAC, alors que les Autochtones ne comptent que pour 2,5 % de l’effectif. Tous les témoins à qui nous avons parlé de cette question sont d’accord : le Canada doit changer sa façon de voir les choses s’il souhaite trouver des solutions durables à ce problème.

Nous avons plus particulièrement appris que le Canada doit tendre activement la main aux divers groupes de sa population. Le succès de notre allié américain à cet égard est très éloquent.

Les forces armées américaines sont parmi les plus diversifiées au monde. En 2015, les minorités visibles formaient 40 % de l’effectif, en plus d’être bien représentées chez les officiers.

Cette réussite tient notamment au fait que les recruteurs américains cherchent activement à établir une relation de travail avec certains groupes, notamment les Afro-Américains. De plus, les É.‑U. offrent un processus d’immigration accéléré par l’entremise du service militaire, ce qui incite de nombreux immigrants à s’enrôler.

Au contraire, jusqu’au début de la présente année, le Canada n’avait même pas de plan global pour attirer les minorités visibles et les Autochtones! La sensibilisation fonctionne; le Canada doit rattraper son retard et adopter ce type de stratégie.

Cela dit, le recrutement à lui seul ne suffit pas. Pour maintenir la diversité des Forces armées canadiennes, nous devons maintenir en poste les membres des minorités visibles et les Autochtones que nous recrutons! Malheureusement, deux grands problèmes compliquent terriblement le suivi du maintien en poste :

Premièrement, c’est par déclaration volontaire que l’on est désigné Autochtone ou  membre d’une minorité visible dans les FAC. Les études réalisées par le gouvernement et par des entités indépendantes ont confirmé que cette façon de faire fausse les données, et que les personnes choisissent souvent de ne pas se déclarer volontairement.

Deuxièmement, les FAC disposent de beaucoup moins d’études sur leur diversité que sur d’autres questions telles que l’égalité entre les sexes ou la répartition des compétences. Si plusieurs initiatives ont été réalisées pour étudier et éliminer d’autres problèmes de maintien en poste, rien de semblable n’a été fait dans le cas de la diversité.

Autrement dit, nous n’avons même pas les données nécessaires pour suivre l’intégration des minorités au sein des FAC! Si l’on veut vraiment promouvoir la diversité, il faut se tenir au courant.

Il est essentiel que le Canada prenne les mesures requises pour se doter d’un effectif militaire diversifié. Les membres des minorités visibles et les Autochtones, qui ont traditionnellement favorisé l’interopérabilité avec nos alliés, sont essentiels au renforcement des capacités opérationnelles des Forces armées canadiennes.

Notre rapport définit certaines étapes initiales importantes et le présent article examine encore plus en détail les mesures que peut prendre le Canada pour améliorer sa diversité par le recrutement et le maintien en poste.

Au cours des prochaines semaines, j’examinerai en détail d’autres questions! La semaine prochaine, notre série d’articles examinera les questions touchant les femmes dans les Forces armées canadiennes, notamment l’Aviation royale du Canada.