Dans l’article d’hier, j’abordais la question des difficultés du Canada à établir des liens avec sa population multiculturelle. Il convient toutefois de noter que les problèmes des Forces armées canadiennes (FAC) ne s’arrêtent pas là. Celles-ci ont aussi du mal à recruter des femmes et les maintenir en poste, particulièrement dans l’Aviation royale du Canada, où les femmes ne constituent que 8,9 % de l’effectif!

La situation est malheureusement liée à de graves problèmes d’inconduite sexuelle et d’obstacles à l’emploi, que nous abordons dans notre deuxième rapport, Réinvestir dans les Forces armées canadiennes : un plan pour l’avenir.

Cette situation inacceptable fait en sorte que nous perdons un talent précieux dans les Forces armées canadiennes. Au cours des deux prochains jours, je soulignerai les réalisations des femmes dans les divers secteurs des FAC afin de bien illustrer ce qu’une plus grande représentation des femmes pourrait apporter. L’article d’aujourd’hui traitera des femmes au sein de l’Aviation royale du Canada (ARC).

Le faible taux de représentation des femmes dans l’ARC est particulièrement étonnant compte tenu du fait que c’est ce secteur des forces armées qui a été le premier à autoriser les femmes à servir autrement que comme infirmières. En 1941, l’ARC établissait la Division féminine. De nature uniquement administrative au départ, le mandat de la division s’est développé, intégrant des rôles de soutien essentiels, tels que l’arrimage de parachutes, des services de laboratoire ainsi que des services d’ingénierie et des travaux de mécanique!

Cet héritage se perpétue encore de nos jours, alors que les femmes continuent à contribuer aux nombreux rôles que joue l’ARC. Aujourd’hui, elles sont pilotes, elles sont ingénieures, et elles occupent les divers postes de soutien qui assurent à l’ARC une puissance aérienne adéquate, polyvalente et efficace.

En fait, c’est dans l’ARC que les femmes ont réalisé plusieurs de leurs exploits et premières au sein des FAC! En 2015, la brigadière-générale Lise Bourgon, ancienne pilote d’hélicoptère, a pris le commandement de la Force opérationnelle interarmées en Iraq. Plus tard cette même année, la lieutenante-générale Christine Whitecross est devenue la première femme à atteindre ce grade dans l’histoire des FAC.

Plus récemment, au mois de janvier,  la majore-générale Tammy Harris a été nommée commandante adjointe de l’Aviation royale canadienne. Cela dit, cette nomination est loin d’être sa seule réalisation; la majore-générale Harris a aussi été la première commandante d’une escadre de l’ARC et la première commandante d’une base des FAC, en plus d’avoir dirigé la plus grande base d’instruction au Canada, celle de Borden.

Étant donné le succès qu’ont connu ces femmes, j’espère que l’ARC adoptera d’importants changements pour encourager plus de femmes à intégrer son organisation. Si l’ARC est le lieu de nombreuses premières, les femmes ne constituent que 8,9 % de son effectif. De telles perspectives devraient être offertes à plus de femmes, et pour ce faire, la représentation des femmes au sein de l’ARC doit être plus grande!

De tels changements exigeront de la volonté. Notre étude a montré qu’il ne sera pas facile de s’attaquer aux causes profondes de la sous-représentation, comme l’inconduite sexuelle et les obstacles systémiques. En fait, il faudra un important changement de culture pour que l’ARC devienne un lieu de travail sûr pour les femmes.

On perçoit cependant des signes de changement. Avec la mise en œuvre de l’opération Honour, l’inconduite sexuelle décline lentement mais sûrement au sein de l’ARC. En outre, la représentation des femmes constitue maintenant une priorité aux échelons les plus élevés. Je me permets de citer la majore-générale Harris : « Je suis honorée d’être la première femme, mais, en 2012, je crois qu’il est temps que cela devienne la règle plutôt que l’exception. »

Je suis véritablement impatiente de voir ce changement se produire, et je continuerai à écrire sur la question au cours des prochains jours. Notre série portera maintenant son attention sur l’Armée canadienne. Ne manquez pas mon prochain article.