Aujourd’hui, je vais revenir sur un sujet dont j’ai parlé dans plusieurs autres publications, et que je vais continuer à répéter : les Forces armées canadiennes (FAC) ont du mal à atteindre leurs objectifs en matière de représentation des femmes, et rien ne laisse présager une amélioration. En fait, le vérificateur général a publié un rapport en 2016 affirmant que les FAC n’ont aucun programme complet en vue d’améliorer ses efforts de recrutement des femmes!

C’est inacceptable : les FAC ne peuvent pas prétendre d’avoir un objectif ambitieux de représentation des femmes de 25 % en n’ayant aucun plan pour parvenir à cet objectif. Pour m’attaquer à cette question, je me pencherai aujourd’hui, dans cet article, sur les expériences des femmes dans les FAC en décrivant les façons dont le Canada peut améliorer ses efforts de recrutement auprès des femmes.

D’abord et avant tout, les FAC doivent remédier à un problème majeur avant même de songer à établir des stratégies de recrutement : elles ne détiennent pas les bonnes données pour prendre des décisions éclairées sur la meilleure façon de recruter plus de femmes!

Les FAC ont peut-être réussi à intégrer une analyse comparative entre les sexes dans leurs opérations, mais elles peinent à faire de même pour le recrutement. Tandis qu’aucune étude approfondie n’a été menée à ce sujet, il est impossible de savoir quelle incidence les politiques et les programmes de recrutement ont sur les femmes.

Plutôt que de compter sur des sources externes comme Statistique Canada ou le vérificateur général, les FAC doivent prendre ce dossier en main et trouver par elles-mêmes quelles pratiques sont les plus efficaces!

Cela dit, le Canada peut s’inspirer des meilleures pratiques de ses alliés, qui lui permettront d’accroître sa représentation des femmes :

Par exemple, le Corps des Marines des États-Unis a tout récemment réussi à améliorer sensiblement sa représentation des femmes en envoyant des courriers ciblés, et en rencontrant des entraîneuses et des athlètes féminines qui sont susceptibles d’avoir les capacités physiques nécessaires pour s’acquitter du travail exigeant du service.

En s’affairant activement à trouver ces femmes talentueuses, le Corps des Marines a presque déjà atteint ses objectifs de recrutement, et ce, en dépit du fait qu’il a lancé ce programme l’an dernier seulement, et qu’il est le service des forces armées américaines ayant le plus bas taux de représentation des femmes. Il serait sage de la part des FAC d’en faire autant, et de se lancer elles aussi à la recherche des femmes.

Le Canada pourrait aussi s’inspirer d’Israël, qui jouit de l’un des plus hauts taux de participation des femmes en Asie. En effet, dans une étude menée par les Forces de défense israéliennes, on a constaté que les femmes réussissaient aussi bien que les hommes pendant leur service militaire obligatoire, et que les femmes qui restaient au sein des Forces après leur service obligatoire connaissaient très souvent beaucoup de succès dans leur carrière militaire.

Bien que le Canada n’impose pas le service obligatoire comme Israël, il pourrait s’inspirer de ses pratiques et offrir aux femmes de plus amples occasions d’essayer différents rôles au sein des FAC. Grâce à ces occasions, les femmes pourraient découvrir qu’elles ont leur place dans les FAC et ensuite décider d’y poursuivre de longues et brillantes carrières.

Dans ce contexte, il convient de noter qu’il ne suffit pas de simplement copier les autres pays pour que le Canada connaisse la plus grande réussite. Au lieu, il doit rompre avec sa tradition de poursuivre ses activités sans mettre sur pied un plan exhaustif de recrutement des femmes, et entreprendre une étude approfondie sur ce qui fonctionne le mieux dans le contexte canadien.

Cet enjeu est trop important pour que le Canada se permette de l’ignorer. Comme je l’ai mentionné dans mes autres publications, la participation accrue des femmes dans les opérations militaires améliore la capacité d’un pays à fonctionner efficacement. De plus, le Canada rate de belles occasions d’apporter ce genre de talent au sein des FAC.

Il est grand temps que le Canada s’emploie activement à trouver de plus amples mesures pour recruter davantage de femmes dans ses forces militaires.