Lorsqu’on parle des opérations de paix de deuxième génération, on fait généralement référence aux opérations menées après le début des années 1990.  À cette époque, les conflits et les guerres ont pris un véritable tournant et, brusquement, ce sont les civils plutôt que les militaires qui ont été mis en péril.

Les Nations Unies ont été appelées à diriger de nombreuses missions. Malgré le succès parfois mitigé de ces dernières, il faut se rappeler leur objectif et savoir qu’elles ont permis d’épargner de nombreuses vies, malgré les difficultés.

À partir des années 1990, les conflits opposant des États sont devenus plus rares, et on a vu émerger des affrontements opposant des groupes ethniques, des groupes religieux et des idéologies politiques. Dans ce genre de conflits, les opposants ont peu d’intérêt à travailler pour la paix. Jane Boulden en fait cette description :

Beaucoup de belligérants, et un grand nombre d’entre eux qui ne participent pas aux négociations pour arriver à un cessez‑le‑feu ou à un accord de paix. Et parmi ceux qui négocient, beaucoup ne se sentent pas tenus de respecter leurs engagements une fois de retour dans leur camp, ce qui rend les choses encore plus complexes. [traduction]

Compte tenu de ce genre de difficultés, il est devenu impossible pour les Nations Unies de recourir à leurs tactiques habituelles, l’observation du processus de paix étant insuffisante. Pour composer avec cette nouvelle réalité, les Nations Unies ont modifié leur approche. Dans le cadre des opérations de maintien de la paix de deuxième génération, les Casques bleus sont devenus une armée chargée d’apporter de l’aide humanitaire. Plutôt que de séparer les ennemis, les Nations Unies ont adopté la mission d’assurer la protection des civils, la stabilisation des zones de conflit et la protection de la dignité et des droits de la personne dans les pays touchés.

La transition n’a pas été facile. En plus de s’ajuster aux réalités modernes, les Nations Unies ont dû se retirer de plusieurs missions avant d’accomplir pleinement leur mandat. Mais leur aide a été cruciale et a empêché des conflits de se dégrader et de se transformer en catastrophes bien pires. Le professeur Walter Dorn explique la situation avec beaucoup de justesse :

Il n’y a pas de solution facile, mais les Nations Unies forment une partie importante de la solution. Certaines missions ont spectaculairement échoué, mais même ces échecs ont montré que les Casques bleus sont d’une grande utilité. La mission du général Dallaire au Rwanda, qui ne comptait que 200 Casques bleus sur le terrain, a sauvé de 20 000 à 30 000 vies pendant le génocide.  

En Bosnie, après moult efforts des Nations Unies, de l’Union européenne et de l’OTAN, les efforts pour la paix ont fini par amener de la stabilité, et il y a même eu rétablissement de la paix là où personne ne s’y attendait. [traduction]

En s’attardant aux échecs, on peut penser que les Nations Unies n’ont pas réussi à s’ajuster aux conflits modernes. Toutefois, les troupes des Nations Unies, fières de leur Casque bleu, ont été capables de sauver d’innombrables vies et d’amener la stabilité là où la paix semblait impossible.

Pour l’avenir, il est donc important de se rappeler les leçons tirées durant la période des opérations de maintien de la paix ainsi que des vies sauvées grâce aux Casques bleus.

Le prochain blogue de cette série va analyser le conflit dans l’ancienne Yougoslavie et Bosnie, qui est grandement considéré comme étant la première étape de cette seconde génération du maintien de la paix.