Personne ne met ses enfants dans un bateau à moins que l’eau soit plus sûre que la terre.
– Warsan Shire, poétesse

Fuir sa maison n’est pas un geste posé volontairement, ce n’est pas un choix, ce n’est pas la vie qu’une mère prévoit pour ses enfants, ce n’est pas la vie qu’on espère ou qu’on envisage pour soi-même. Personne ne fuit sa maison s’il y vit en paix.

La semaine dernière, j’ai pris la parole à la réunion interparlementaire Canada-Europe sur la crise de l’immigration et des réfugiés. Des membres du gouvernement du Canada et du gouvernement de l’Europe ont assisté à la table ronde, qui portait sur la situation entourant les demandeurs d’asile au Canada et à l’étranger.

En tant que réfugiée moi-même, je suis bien placée pour comprendre la difficulté de ceux qui viennent au Canada en quête d’une vie exempte de persécution et de violence. Du jour au lendemain, ma famille et moi sommes passés du statut d’Ougandais à celui de réfugiés apatrides, parce que le président de l’époque, Idi Amin, a émis un décret ordonnant l’expulsion de plus de 80 000 Asiatiques du sud de l’Ouganda. Par conséquent, nous avons tout perdu : notre maison, nos biens et notre pays, et nous nous sommes enfuis avec nos seuls vêtements sur le dos.

Nous sommes aujourd’hui confrontés à des statistiques sans précédent sur les personnes déplacées dans le monde. Plus de 65 millions de personnes ont été forcées de quitter leur foyer pour des terres plus hospitalières. Ce fait représente une souffrance humaine incommensurable, mais les réfugiés ne sont pas seulement des chiffres, ce sont des gens qui n’ont d’autre choix que de quitter leur foyer et tout ce qu’ils connaissent pour rechercher quelque chose que nous tenons souvent pour acquis : notre sécurité.

C’est la raison pour laquelle j’ai dit au groupe d’experts que les Canadiens devraient non seulement accueillir ceux qui n’ont plus aucun choix, mais aussi les intégrer dans leurs collectivités. Nous devons nous engager à fournir aux nouveaux arrivants les ressources dont ils ont besoin pour s’épanouir et réaliser leur potentiel. Si nous négligeons cette responsabilité, nous déprécions les contributions positives que les nouveaux arrivants apportent à l’identité canadienne.

En tant que Canadiens, nous avons tous un rôle à jouer; nous devons faire preuve de compassion et de compréhension à l’égard de ceux qui viennent dans notre pays. Lorsque nous construisons des murs, abstraits ou concrets, nous causons des souffrances aux demandeurs d’asile. Nous ne faisons ainsi que nous emprisonner nous-mêmes.

</div