Les accusations portées par un procureur houthi contre un baha’i yéménite interjetant appel de sa condamnation à mort inquiètent l’ensemble de la communauté.

La communauté baha’ie internationale craint grandement pour la sécurité de tous les baha’is au Yémen à la suite des accusations sans fondement portées par un procureur houthi contre un membre de la communauté ayant fait appel de sa condamnation à mort.

L’audience d’appel de M. Hamed bin Haydara, en détention depuis 2013, aura lieu le 30 avril 2019 à Sana’a, ville contrôlée par les houthis.

À l’issue d’une série de simulacres de procès, M. Haydara a été condamné à la peine de mort en 2018. Le tribunal a en outre demandé que tous les biens des baha’is soient confisqués et que leurs institutions soient dissoutes. Des centaines de baha’is risquent d’être persécutés sur la base de leur religion dans les zones contrôlées par les houthis.

Malgré les appels de la communauté internationale pour que cessent les persécutions et que les prisonniers baha’is soient remis en liberté, le procureur a présenté une liste d’accusations fausses et insensées à l’endroit de M. Haydara, la communauté baha’ie au Yémen et la foi baha’ie.

Selon la poursuite, la foi baha’ie, une religion mondiale indépendante, repose sur l’idéologie satanique, et M. Haydara avait pour dessein de faire de l’île yéménite de Socotra « la patrie de la foi baha’ie »; l’avocat de M. Haydara, qui n’est pas baha’i, a même fait l’objet de menaces.

« Dans ses arguments, le procureur ne traite pas des mérites de la demande d’appel de M. Haydara, mais il porte plutôt toutes sortes d’accusations absurdes qui ne sont fondées ni en droit, ni dans les faits », a déclaré Mme Bani Dugal, représentante principale de la communauté baha’ie internationale auprès des Nations unies.

« Le procureur attaque directement la foi baha’ie et porte des accusations irrationnelles qui découlent, de toute évidence, de préjugés religieux contre la communauté baha’ie. Les menaces proférées à l’endroit de l’avocat de M. Haydara sont tout particulièrement inquiétantes.

« Il s’agit précisément des mêmes tactiques qui ont été utilisées par les autorités iraniennes pour persécuter la communauté baha’ie en Iran, soit menacer ceux qui défendent les baha’is, démanteler les instances dirigeantes et les institutions de la communauté et émettre des condamnations à mort basées sur de fausses allégations. »

Mme Dugal a ajouté : « Nous avons confiance que le juge saura faire prévaloir la justice et la primauté du droit, et qu’il ne prêtera pas foi aux allégations absurdes du procureur, mais ces allégations nous font craindre encore davantage pour la sécurité de M. Haydara et de l’ensemble de la communauté baha’ie. »

En 2018, 24 baha’is ont été faussement accusés d’apostasie et d’espionnage par un tribunal dans la ville de Sana’a, contrôlée par les houthis. Cinq d’entre eux sont actuellement emprisonnés. Leur cause sera entendue par le même juge qui a condamné à mort M. Haydara.

Les baha’is du Yémen cherchent depuis longtemps des façons d’améliorer le sort de leur pays et de leurs concitoyens. Ils ont entrepris de mettre en place un mécanisme de règlement des conflits et de consolidation de la paix entre les tribus, des programmes pour donner aux jeunes les moyens de mieux servir leurs communautés et des initiatives pour assurer le bien-être de tous les Yéménites, notamment en distribuant des trousses de soins après le conflit.

Pour en savoir plus sur les persécutions dont fait l’objet la communauté baha’ie au Yémen, cliquez ici.