Au cœur de la forêt pluviale du Grand Ours, sous les cèdres rouges centenaires, vit l’« ours esprit », un ours rare au pelage blanc qui n’est ni ours polaire ni albinos. Un ours noir à la fourrure vanille si mystérieusement beau que les Premières Nations ayant vécu avec lui le vénèrent et le protègent depuis des millénaires.

Depuis 14 000 ans, les membres de la Première Nation Kitasoo/Xai’xais habitent la forêt pluviale du Grand Ours qu’ils partagent, ainsi que le saumon, avec une créature très spéciale à qui ils ont donné le nom de moskgm’ol (ours blanc). Selon leur légende relatant les origines de Moskgm’ol, « Goo-wee (le corbeau) aurait blanchi le pelage d’un ours noir sur dix pour rappeler le début des temps aux habitants de cette terre, lorsque celle-ci était couverte de glace. »

L’ours esprit est chéri par les Kitasoo/Xai’xais et les Premières Nations côtières qui le côtoient. Voilà pourquoi les Kitasoo/Xai’xais et de nombreuses autres Premières Nations côtières de la côte nord de la Colombie-Britannique appuient le projet de loi C-48, une importante mesure législative environnementale qui protège les précieuses terres et eaux fréquentées par l’ours noir contre la dévastation causée par la marée noire.

En effet, l’ours esprit ne vit qu’au Canada, principalement sur la côte centrale et la côte nord de la Colombie-Britannique. Deux îles, toutes deux au large de la côte nord, abritent le plus grand nombre d’ours esprits : Princess Royal et Gribbell.

Les scientifiques qui étudient le phénomène connu sous le nom de leucisme savent maintenant comment les ours noirs naissent blancs, mais ils en ignorent encore la raison. Le phénomène est déclenché par une mutation récessive, celle-là même associée aux cheveux roux et à la peau claire chez les humains. Pour naître avec une fourrure blanche, un ours noir doit hériter du gène de ses deux parents. Les parents eux-mêmes n’ont pas besoin d’être blancs, mais ils doivent posséder le gène de la mutation récessive.

Il existe également de nombreuses théories largement répandues pour expliquer pourquoi certains ours noirs naissent blancs, la plus célèbre étant que les ours esprits sont les héritiers des vestiges de l’époque glaciaire. Leur isolement du monde extérieur, leur éloignement et le refus des premières nations locales de le chasser ou d’en faire le commerce protègent l’ours esprit depuis des millénaires.

Les ours esprits s’épanouissent dans des écosystèmes côtiers sains. Les menaces qui pèsent sur leurs habitats, lieux d’alimentation et points d’eau locaux pourraient dévaster leur population. En tant que Canadiens, nous devrions nous réjouir d’avoir la chance de vivre dans un pays aux paysages incroyables qui abritent cet animal aussi majestueux et vénérable, un des animaux les plus rares et convoités de la planète. Travaillons ensemble pour protéger leur habitat ainsi que le riche patrimoine et les histoires culturelles qui entourent la survie des ours esprits, dont la population est estimée entre 50 et 150 individus. Adoptons le projet de loi C-48 et faisons tout en notre pouvoir pour protéger cet animal unique de la forêt pluviale du Grand Ours.