Senator Jaffer and the International Civil Society Action Network (ICAN) at the Nobel Peace Centre in Oslo, Norway in 2019.

« Ne nous aidez pas à nous entretuer; aidez‑nous plutôt à communiquer », a‑t‑elle dit. Voilà qui résume bien la mission des militantes pour la paix.

Les militantes pour la paix ont choisi la tâche la plus difficile, soit celle consistant à faire face à la destruction que les guerres laissent dans leur sillage. Il n’est pas simplement question ici de reconstruire des édifices, des maisons et des routes; souvent, les militantes pour la paix doivent rebâtir les fondements mêmes de la société et panser les plaies de leurs sœurs et frères.

Depuis longtemps, les militantes pour la paix sont des héroïnes discrètes s’acquittant de cette tâche ardue. J’ai eu l’occasion de la constater par moi‑même.

Comme l’a déclaré l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Boutros Boutros Ghali, qui a été le premier à populariser le concept de consolidation de la paix en 1992 :

« La notion de consolidation de la paix, en tant qu’instauration d’un environnement nouveau, devait être considérée comme faisant pendant à la diplomatie préventive, qui visait à éviter une rupture des conditions de paix. La diplomatie préventive visait à éviter une crise; la consolidation de la paix après les conflits visait à éviter qu’elle ne se reproduise. »

Depuis des décennies, en première ligne, les militantes pour la paix instaurent des environnements nouveaux sur le terrain, dans leurs collectivités, avec des ressources extrêmement limitées et sans bénéficier d’une quelconque reconnaissance à l’échelle mondiale.

Elles travaillent sans relâche pour modifier tant les croyances que les comportements et pour transformer les sociétés mal en point en havres de paix, où les gens coexistent de façon pacifique, mettant bien souvent en péril leur propre sécurité.

J’ai travaillé avec un nombre incalculable de militantes pour la paix au fil des ans, et leur courage et leur résilience me fascinent toujours.

J’ai travaillé avec une femme qui est parvenue à empêcher des étudiants de faire le djihad.

J’ai travaillé avec une femme qui a démantelé une installation où on fabriquait des vestes‑suicide et qui a réussi, du même coup, à déradicaliser 30 femmes.

J’ai travaillé avec une femme qui a pu empêcher que des centaines d’enfants deviennent membres des groupes extrémistes violents et qui a réussi à les ramener sur les bancs d’école.

J’ai travaillé avec une femme qui a défié des groupes religieux extrémistes et a convaincu sa communauté d’offrir une éducation aux filles.

J’ai travaillé avec une femme qui a négocié avec des chefs de tribu pour qu’ils cessent d’utiliser les femmes comme offrandes de paix dans le cadre d’accords et de transactions.

J’ai travaillé avec des militantes pour la paix et je sais qu’on ne leur donne pas le crédit qu’elles méritent.

Nous devons redoubler d’efforts pour leur donner notre appui.