Malgré l’incertitude grandissante dans laquelle est plongée la planète à cause de la COVID‑19, nous ne devons pas oublier ce que vivent des membres de nos propres collectivités. Le Canada a toujours favorisé la diversité et le multiculturalisme. Des personnes ayant des origines diverses et des ancêtres provenant de partout dans le monde sont fières de considérer le Canada comme leur pays.

Malheureusement, les Canadiens ne sont pas tous traités de la même façon. J’ai ressenti un immense chagrin lorsque j’ai entendu ma petite‑fille me demander si elle avait sa place ici et si elle était Canadienne. J’aimerais pouvoir dire que ce qui l’a amenée à me poser ces questions est un incident isolé, mais ma fille aussi a vécu des circonstances semblables qui l’ont incitée à s’interroger sur sa propre identité. Un homme lui avait demandé d’où elle venait, et lorsqu’elle lui a répondu, à juste titre, qu’elle venait du Canada, il lui a répliqué « Oui, mais d’où venez‑vous réellement? ». De telles manifestations de racisme ordinaire sont malheureusement devenues trop courantes au Canada.

Cette forme d’ostracisme a de graves répercussions sur ceux qui la subissent. Des questions du genre créent un sentiment de confusion chez les personnes à qui on les pose. Si ma fille et ma petite‑fille, qui sont nées ici, ne sont pas considérées comme des Canadiennes, alors que sont‑elles? En réalité, elles sont toutes deux Canadiennes, tout comme moi, je suis Canadienne. Nous sommes fières de dire que le Canada est notre pays et, dans le cas de ma fille et de ma petite‑fille, c’est la seule patrie qu’elles ont eue.

En tant que mère et grand‑mère, je sais que les pensées à l’origine de ces mots sont enracinées dans l’ignorance et la haine. En tant que sénatrice d’origine sud‑asiatique, elles me rappellent ce qui motive mon action. En plus de saper le sentiment de sécurité auquel tous les Canadiens ont droit, ces comportements racistes sont en nette contradiction avec les valeurs du Canada et sa réputation internationale, qui est fondée sur l’acceptation et l’inclusion. J’estime que nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux.

Je ne peux m’empêcher de me demander quand tout cela cessera. Les enfants de ma petite‑fille seront‑ils acceptés? Ou verront‑ils eux aussi leur identité définie par l’idée que les autres se font d’eux?

J’espère qu’en racontant ces événements douloureux, je sensibiliserai la population à cette question urgente, et qu’ensemble, nous inciterons tous les ordres de gouvernement à prendre des mesures qui s’imposent. J’invite ouvertement mes collègues à faire de même. Comme sénateurs, nous avons la responsabilité de représenter les intérêts de nos concitoyens les plus marginalisés.

Ce n’est qu’en unissant nos efforts pour condamner le racisme et les comportements racistes normalisés que nous pourrons réellement éviter que ces préjudices continuent d’empoisonner la vie de citoyens canadiens d’aujourd’hui et des générations à venir, comme ma petite‑fille.

Tous les mois, mais tout particulièrement durant le Mois du patrimoine asiatique, les Canadiens doivent faire front commun pour lutter contre le racisme et faire en sorte que leurs concitoyens, peu importe leurs origines culturelles ou ethniques, se sentent accueillis et inclus dans la société canadienne et puissent profiter pleinement de tout ce qu’elle a de merveilleux à leur offrir.