Au cours des dernières semaines, j’ai beaucoup pensé à tout ce qui change autour de nous.

Alors que nous commençons pour voir de vrais progrès et que nous entrons lentement dans notre nouvelle normalité, nous nous rendons compte de tout ce qui a changé.

Depuis 153 ans, le 1er juillet est réservé aux célébrations de la fête du Canada.

Cependant, ce 1er juillet était très différent de tous ceux qui l’ont précédé et, espérons-le, il jettera les bases de toutes les célébrations futures.

Le fait est que pour de nombreuses personnes, la fête du Canada n’a jamais été un jour de célébration. Il s’agit plutôt d’un rappel du fait que le Canada se trouve toujours sur le territoire non cédé des peuples autochtones.

À la suite de la découverte de plus de 1 600 tombes non marquées d’enfants ayant fréquenté les pensionnats autochtones, pour de nombreuses personnes au Canada, cette fête du Canada est la première à ne pas être un jour de célébration, mais plutôt un jour de réflexion et de deuil.

Des enfants âgés d’à peine trois ans ont été arrachés de leur famille, leur communauté et leur culture.

Notre pays découvre enfin ce que les peuples autochtones ont toujours su.

Un nombre déchirant d’entre eux ne sont jamais rentrés chez eux. Notre pays n’a pas à s’en réjouir.

Il n’y a rien à célébrer lorsque les restes de 1600 enfants sont retrouvés.

Plus de 1 600 enfants qui n’ont jamais pu revoir leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs grands-parents, leurs tantes et leurs oncles.

Plus de 1600 enfants qui n’ont jamais pu aller dans une vraie école, avec leurs amis.

Plus de 1600 enfants qui n’ont jamais pu réaliser les rêves qu’ils avaient pour leur avenir.

Leur avenir leur a été volé pour la seule raison qu’ils étaient autochtones.

En cette fête du Canada, dans tout le pays, des personnes de tous âges sont descendues dans la rue.

L’une des personnes avec qui je travaille, Madison Pate-Green, a participé aux manifestations avec ses amis.

Elle m’a raconté combien il était remarquable et inspirant de voir des mers d’orange là où il y avait toujours eu des mers de rouge et de blanc.

Les sons routiniers de notre hymne national et les acclamations patriotiques ont été réduits au silence par la sagesse et le leadership inspirants des aînés autochtones. Leurs chansons traditionnelles ont été chantées, leurs danses traditionnelles ont été exécutées. Tout cela sous le regard admiratif, amoureux et respectueux des personnes racialisées et non racialisées.

La colline du Parlement à Ottawa, le jour de la fête du Canada, en 2021.

Le 1er juillet 2021 n’était pas seulement symbolique, il était historique.

Pour citer les sages paroles de Pam Palmater :

L’annulation des feux d’artifice et des défilés de la fête du Canada ne mettra pas fin au Canada, ni n’effacera notre histoire. Ce qu’elle pourrait faire, cependant, c’est réécrire notre histoire future.

Nombreux sont ceux qui estiment que ce niveau de reconnaissance et de valorisation des peuples qui étaient là avant nous aurait dû être atteint depuis longtemps.

Il y a plus de six ans, le sénateur Murray Sinclair s’est fait le champion de la Commission de vérité et de réconciliation. Son rapport final contenait 94 recommandations sur la façon dont le gouvernement canadien pouvait renforcer et prouver son engagement envers une véritable relation de nation à nation avec les Premières nations, les Inuits, les Métis et les Autochtones non-inscrits.

Le rapport conclut qu’au moins 4 000 à 6 000 enfants ayant fréquenté de force les pensionnats ont été tués et n’ont jamais été retrouvés.

Parmi ses recommandations, le rapport demandait au gouvernement de fournir les ressources nécessaires pour retrouver les tombes non marquées de tous les enfants dont la vie et l’avenir ont été volés.

Cette année, nous avons commencé à faire face à l’inconfort de ces réalités.

Nous avons tous ressenti le poids d’un passé et d’un présent qui ont longtemps été ignorés. Mon plus grand espoir est que nous marquions une nouvelle ère afin que notre avenir ne revive pas les mêmes injustices.

Chaque personne au Canada a un intérêt direct dans la réalisation d’un pays plus juste. Chaque personne au Canada a ressenti de la douleur, de la peur et de la colère au cours de la dernière année et demie.

Nos émotions n’ont pas été ignorées. Nos gouvernements ont fait en sorte que nous nous sentions entendus. Ils ont travaillé dur pour faire face aux circonstances sans précédent auxquelles nous sommes confrontés de la meilleure façon possible.

Maintenant, il est de notre responsabilité de reconnaître ce que nous ressentirions si, au lieu de nous sentir entendus, nous étions ignorés. On nous disait que nous avons tort. Nous avons été battus, assassinés et disparus. On nous a confinés dans des pensionnats ou des foyers d’accueil, puis on nous a fait passer rapidement les portes de la prison, qui ne cessent de se refermer.

Ce ne sont pas des scénarios qu’une famille autochtone du Canada doit imaginer.

Alors, que faisons-nous à partir de maintenant ?

Nous continuons à écouter, à apprendre et à nous éduquer activement sur les parties de l’histoire qui ont été intentionnellement laissées de côté dans nos manuels scolaires.

En tant que pays, nous devons continuer à centrer la compréhension du racisme systémique dans tout ce que nous faisons. Nous devons désapprendre les comportements racistes qui ont été normalisés.

Ce faisant, nous commençons à remettre activement en question nos propres points de vue et idées, car nous reconnaissons qu’ils ont été construits sur une occupation coloniale que beaucoup considèrent comme génocidaire par nature.

Nous faisons de la place aux voix, aux corps et aux âmes qui ont été relégués dans nos marges.

Lorsque nous réfléchissons à ce à quoi devrait ressembler l’avenir de notre pays, nous avons la responsabilité de réfléchir soigneusement à toutes les perspectives et idées.

Ce ne sera pas facile, cela demandera beaucoup de travail pendant une longue période et vous vous sentirez mal à l’aise. Penchez-vous sur votre malaise. Qu’est-ce qu’il vous dit ?

Tout au long de l’histoire, le changement n’a jamais été confortable, mais il a toujours été nécessaire.

Alors que nous nous engageons dans ce voyage monumental de transformation, j’encourage tous mes auditeurs à comprendre la signification de ce voyage et à soutenir ce mouvement vers l’avant pour notre pays tout entier, dans son ensemble.

En terminant, je souhaite souligner les mots puissants de l’aînée Claudette Commanda qui a pris la parole devant la Colline du Parlement, qui se trouve toujours sur le territoire non cédé et non soumis des Algonquins :

Quand l’un d’entre nous pleure, nous pleurons tous. Quand l’un de nous tombe, nous tombons tous. Quand l’un d’entre nous réussit, nous réussissons tous.