Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 37e Législature,
Volume 139, Numéro 66

Le jeudi 1er novembre 2001
L’honorable Dan Hays, Président

PROJET DE LOI SUR L’IMMIGRATION ET LA PROTECTION DES RÉFUGIÉS

LES EXPLICATIONS AU SUJET DE L’APPUI ACCORDÉ

L’honorable Mobina S. B. Jaffer: Honorables sénateurs, la Chambre a adopté hier le projet de loi C-11, Loi concernant l’immigration au Canada. Certains sénateurs se sont peut-être interrogés sur les raisons pour lesquelles j’ai appuyé le projet de loi.

Honorables sénateurs, ma plus grande crainte est de voir les Canadiens douter de la sécurité de leur système d’immigration, car ils pourraient alors se dire que c’est assez et décider de fermer les portes qui sont restées ouvertes pour accueillir des gens comme ma famille et moi-même, leur offrant pendant si longtemps espoir et refuge. Si le Canada avait fermé ses portes à ma famille, nous n’aurions peut-être pas survécu.

Honorables sénateurs, depuis que j’ai prêté serment il y a un peu plus d’un mois, vous m’avez tous accueillie chaleureusement. Mon arrivée ici a cependant suivi de peu les terribles événements du 11 septembre. J’ai entendu mes concitoyens et les honorables sénateurs au Sénat dire que c’était le moment de repenser la façon dont nous faisons les choses. Je les ai entendus dire que nous sommes entrés dans une nouvelle ère de sécurité. J’ai entendu des propos traitant injustement les réfugiés de mendiants, de voleurs et de terroristes. Les horribles événements du 11 septembre n’ont rien à voir avec la politique de notre Commission de l’immigration et du statut de réfugié.

Honorables sénateurs, ma famille et moi n’avons pas choisi de quitter notre pays de naissance, l’Ouganda, et de venir ici en abandonnant tout. Lorsque je suis arrivée au Canada sans rien d’autre que mon bébé nouveau-né dans les bras et un mari qui a échappé à la détention de l’armée ougandaise, ce n’était pas de gaité de coeur.

Nous ne choisissons pas de devenir des réfugiés. Je n’ai pas fait ce choix.

Nous n’avions pas choisi de renoncer aux rêves et aux aspirations que nous avions en Ouganda. C’est Idi Amin Dada qui nous y a forcés. Nous n’avons pas choisi de quitter notre foyer. C’est Amin Dada qui l’a fait. Nous n’avons pas choisi de devenir des réfugiés. C’est Idi Amin Dada qui nous y a forcés. Tous ces choix ont été faits pour nous et nous ont été imposés. J’en parlerai à une autre occasion.

Honorables sénateurs, la prochaine fois que nous parlerons de réfugiés ici ou ailleurs, ne perdons pas de vue que ceux qui ont des démêlés avec la justice et qui menacent notre sécurité ne sont qu’une minorité. Peut-être pourrons-nous nous rappeler que la plupart des réfugiés sont des gens laborieux qui ne veulent rien d’autre que rebâtir leur vie et contribuer à notre pays, le Canada. J’espère que nous pourrons nous souvenir de l’importance de cette distinction.

Des voix: Bravo!