Débats du Sénat (hansard)

2e Session, 37e Législature,
Volume 140, Numéro 79

Le mardi 30 septembre 2003
L’honorable Dan Hays, Président

LA SITUATION DE LA FEMME EN SIERRA LEONE

L’honorable Mobina S. B. Jaffer: Honorables sénateurs, en tant que membres de la délégation parlementaire dépêchée en Afrique occidentale, le sénateur Andreychuk et moi-même avons visité la Sierra Leone et constaté à quel point des vies ont été dévastées et brisées au cours de la guerre civile de dix ans dans ce pays. Toutefois, la guerre et l’après-guerre n’ont pas eu les mêmes effets sur les femmes et les hommes. Selon l’indicateur de développement humain du PNUD pour 2003, la Sierra Leone occupe le dernier rang en matière de développement humain.

Pendant le conflit armé qui a sévi en Sierra Leone de 1991 à 2001, des milliers de femmes et de jeunes filles de tous âges, groupes ethniques et classes socio-économiques ont été soumises à des actes de violence sexuelle généralisés et systématiques, y compris le viol individuel et le viol en bandes, le viol avec des objets et l’esclavage sexuel. En outre, on a souvent utilisé l’amputation comme arme de guerre. Le nombre de personnes amputées au sein de la communauté vient rappeler quotidiennement les horreurs de la guerre.

Le nombre de femmes qui ont survécu au viol et à la brutalité en Sierra Leone est incalculable. Ces femmes ont perdu leur époux, leurs enfants et leur communauté. La guerre a mis les femmes à l’écart, non seulement en détruisant leurs familles et leurs communautés, mais aussi en les empêchant pratiquement de participer au rétablissement politique de leur pays.

Des milliers d’anciens combattants de la guerre civile de dix ans qui ont commis des meurtres et des viols pendant toutes ces années rentrent dans leur communauté pour vivre parmi les femmes et les enfants qu’ils ont traumatisés. Les survivantes d’actes de violence sexuelle craignent que leurs agresseurs ne reviennent dans la communauté et ne les soumettent de nouveau à de mauvais traitements.

Il est important que les voix de ces femmes soient entendues. Ce sont elles qui portent le fardeau de rétablir une vie normale au sein de familles où les enfants portent les cicatrices physiques et mentales laissées par la guerre et où on compte les amputés par milliers, y compris parmi les femmes. On s’attend quand même à ce que les femmes portent le plus gros du fardeau et s’occupent de ces familles désespérément pauvres, sans moyens de subsistance et confrontées à des problèmes de santé insurmontables qui nécessitent la prise de mesures.

Le Comité canadien sur les femmes, la paix et la sécurité travaille avec ces réseaux dans bon nombre de secteurs actuellement touchés par des conflits ou déjà dévastés par les guerres partout dans le monde. Nous avons travaillé de près avec la diaspora afghane au Canada pour la faire participer à la reconstruction de l’Afghanistan. Nous préparons actuellement des partenariats et des liens avec les femmes et leurs réseaux en Sierra Leone.

Honorables sénateurs, je vous encourage à trouver des moyens d’établir des liens avec ces femmes pour que nous puissions apprendre les uns des autres et tenir les Canadiens informés. Nous devons faire une priorité de l’établissement de partenariats forts avec ces pays qui vivent des périodes tumultueuses et qui n’ont que peu de ressources.