Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 38e Législature,
Volume 142, Numéro 12

Le mercredi 3 novembre 2004
L’honorable Daniel Hays, Président

LA VIOLENCE DIRIGÉE CONTRE LES FEMMES

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, avez-vous déjà dû fuir pour éviter la mort? Vous-même ou un de vos proches avez- vous été victimes de violence sexuelle sous les yeux de votre famille? Avez-vous déjà eu à protéger vos jeunes enfants contre le viol? « Dans certains pays, on exige tout des femmes; mais en temps de guerre, les fantaisies les plus folles s’expriment. Lorsque sept soldats violent une femme ou une jeune fille, pour eux, cette femme n’est plus un être humain mais un objet. »

Marguerite, qui est âgée de 40 ans, est veuve. Elle raconte qu’en octobre 2002, deux rebelles se sont introduits la nuit par la force dans sa maison et l’ont violée. Elle dit :

Ils m’ont prise sous les yeux de mes enfants. Mon fils Frédéric, âgé de huit ans, était très effrayé, et il s’est mis à pleurer et à crier. Les soldats se sont tournés vers lui tout en me violant et l’ont abattu froidement […]. Avant de partir, ils ont incendié la maison.

Cette réalité est celle de nombreuses femmes dans le monde entier. L’histoire de Marguerite, parmi tant d’autres, a été présentée dans un reportage réalisé par Amnistie Internationale et illustre l’horreur des viols collectifs commis dans des pays tels que la République démocratique du Congo.

Honorables sénateurs, dimanche dernier marquait le quatrième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies relative aux femmes, à la paix et à la sécurité, y compris la protection des femmes et des filles contre la violence sexiste qui était le thème du débat ouvert du Conseil de sécurité sur la résolution. Lorsque j’ai pris la parole devant les membres du Conseil de sécurité au nom du Réseau de la sécurité humaine, un groupe de 13 pays qui définit des thèmes concrets en vue d’une action collective axée sur la sécurité humaine, j’ai déclaré ceci :

Nous savons que des centaines de milliers de femmes et de filles ont été violées dans des situations de conflit armé et que dans bon nombre de pays on continue de se servir de l’exploitation sexuelle comme d’un instrument de guerre.

Honorables sénateurs, alors que nous siégeons dans cette remarquable Chambre, gardons à l’esprit que ces atrocités sont commises à toutes les secondes de chaque heure de la journée et qu’on peut les restreindre grâce à la mise en œuvre de la résolution 1325. En tant que Canadiens, nous devons être vigilants face aux problèmes de violence sexiste et à l’appel à l’action lancé par la résolution 1325. Nous avons un devoir envers les femmes comme Marguerite.