Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 38e Législature,
Volume 142, Numéro 61

Le mardi 17 mai 2005
L’honorable Daniel Hays, Président

LA COLOMBIE-BRITANNIQUE

VANCOUVER—LE PROGRAMME DES ARTS DE LA ST. JAMES COMMUNITY SERVICES SOCIETY—
L’EXPOSITION DANS LE FOYER DU SÉNAT

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui pour vous parler de l’exposition « Moving Beyond our Challenges » que j’ai l’honneur de présenter, aujourd’hui et demain, dans le foyer du Sénat.

En qualité de présidente d’honneur de la St. James Community Services Society, j’ai pu observer moi-même les problèmes auxquels se butent bon nombre des artistes et des personnes auxquels la St. James Society vient en aide.

La St. James Society est un organisme du quartier est du centre- ville de Vancouver qui a pour but d’offrir un appui aux gens qui doivent composer avec de nombreux problèmes, notamment les maladies mentales comme la schizophrénie, tout en reconnaissant la nécessité d’aider les personnes qu’elle sert à prendre conscience de leur valeur en tant qu’être humain. Grâce au programme des arts, ces personnes peuvent surmonter leurs problèmes et s’exprimer par le biais des arts.

Honorables sénateurs, vous êtes tous convaincus, je le sais, qu’un peu de reconnaissance aide beaucoup les gens à surmonter leurs difficultés. Nous sommes tous confrontés à des difficultés, mais beaucoup, parmi les artistes qui sont représentés ici, ont surmonté et continuent de surmonter plus que leur part de difficultés.

Afin d’aider les honorables sénateurs à comprendre les difficultés dont il est question ici, je vais vous raconter l’histoire de Carmen. En 1998, elle a emménagé à Victory House, un foyer-refuge pouvant accueillir 48 résidants atteints de troubles mentaux chroniques. Elle vivait dans la rue et dormait dans des hôtels du quartier est du centre-ville, le quartier le plus malfamé de Vancouver. Souffrant de schizophrénie, Carmen se négligeait, elle était agressive, refusait de prendre ses médicaments et poussait des cris la nuit. Son comportement lui a valu d’être fréquemment expulsée des résidences où elle habitait.

Au début de son séjour à Victory House, Carmen vivait dans la rue le jour et, pour ses repas, joignait les files d’attente où on distribue de la nourriture. Elle refusait de prendre ses médicaments et avait un comportement asocial. Il a fallu environ deux ans pour établir graduellement une relation avec elle et l’amener à faire confiance à quelqu’un.

Aujourd’hui, Carmen mange trois repas par jour, elle fait partie de la troupe de théâtre St. James et s’assoit au salon pour y observer les gens.

Le plus encourageant, c’est que Carmen a commencé à peindre. Grâce à des fonds recueillis par la troupe St. James, on a pu acheter des toiles et des peintures pour Carmen et pour d’autres artistes. Elle s’est d’abord exprimée par son art, puis verbalement au contact d’autres personnes.

Carmen peint des toiles étonnantes. Ses paysages illustrent des châteaux, des champs de blé de la Saskatchewan et des lagons de Polynésie. Elle sait rendre de merveilleuses intuitions et images que seule une personne schizophrène peut évoquer. Il est merveilleux qu’elle puisse exprimer ces images sur des toiles.

Carmen et les artistes de St. James sont un exemple pour nous tous. J’invite les sénateurs à venir voir leurs oeuvres étonnantes à l’exposition. Les honorables sénateurs pourront également y rencontrer Sandra Smith, l’une des artistes de St. James, qui est aujourd’hui dans la tribune en compagnie de Jan Volker et Erin McNeil, qui représentent la société des services communautaires de St. James.

Je suis heureuse non seulement de pouvoir partager ces magnifiques oeuvres d’art avec mes collègues ici même, mais aussi d’accueillir ces artistes et le public canadien dans notre magnifique institution.

Je remercie également l’huissier du bâton noir, Terrence Christopher, qui, par son aide précieuse, a rendu cet événement possible.