Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 39e Législature,
Volume 143, Numéro 22

Le jeudi 8 juin 2006
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

LE CONGO

L’EFFET DU CONFLIT SUR LES FEMMES

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, le mardi 6 juin, les sénateurs Pépin, Nancy Ruth et moi-même avons eu le plaisir de participer à une activité de financement organisée par la Fédération mondiale des femmes congolaises. L’objectif de cette activité était de sensibiliser les Canadiens à l’existence du violent conflit qui se poursuit encore aujourd’hui dans la République démocratique du Congo.

Des discours ont été prononcés à cette occasion pour renseigner les gens sur les enjeux du conflit. Cet horrible conflit est le plus meurtrier que le monde ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale. On estime qu’il a fait plus de 4 millions de morts depuis 1998.

Pour les femmes du Congo, la situation est encore pire. La violence sexuelle est utilisée comme arme de contrôle, et les femmes n’ont aucun pouvoir pour mettre un terme à ces pratiques puisqu’on les empêche d’accéder à des postes politiques. C’est un grave problème. Je cite Nicola Dahrendorf, auteure d’un rapport intitulé Mirror Images in the Congo, qui traite de l’aspect violence sexuelle du conflit :

On peut affirmer que la violence sexuelle est l’une des violations des droits de la personne les plus difficiles à combattre dans le cadre des missions de paix et de sécurité. Il n’y a pas de vaccin pour prévenir ce mal, et pas de remède à ses conséquences.

Des filles et des femmes en meurent, et ses effets néfastes sur les plans physique et affectif sont profonds et durables. Le conflit mortel qui entoure les femmes du Congo les prive de toute sécurité. Des familles congolaises ont été complètement anéanties par ce conflit. La justice, des soins de santé de base et une éducation adéquate ne sont qu’un rêve pour de nombreuses femmes et filles au Congo.

Honorables sénateurs, voilà ce que la guerre fait aux femmes et aux filles. Les expériences des femmes congolaises sont un exemple marquant des conditions impitoyables dans lesquelles les femmes du monde entier doivent vivre. Selon les Nations Unies, une femme sur trois sera battue ou violée au cours de sa vie. Dans beaucoup de cas, ces femmes sont ensuite rejetées comme si elles n’avaient aucune valeur — bannies de leur collectivité, portant en elles le fruit du viol, souvent atteintes de maladies comme le VIH-sida et traumatisées par des événements que la plupart d’entre nous ne pourraient même pas imaginer.

Honorables sénateurs, cela fait bien trop longtemps que le monde tourne le dos au Congo. Aujourd’hui, nous pouvons faire en sorte que les Congolais soient appuyés par les Canadiens.

Des voix : Bravo!