Débats du Sénat (hansard)

2e Session, 39e Législature,
Volume 144, Numéro 11

Le mercredi 14 novembre 2007
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La traite des personnes aux Jeux olympiques d’hiver de Vancouver de 2010

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, les Jeux olympiques de 2010 doivent être à l’abri de la traite de personnes. L’organisme The Future Group a publié au début novembre un rapport crucial mettant en garde le Canada contre le fait que les Jeux olympiques qui auront lieu à Vancouver en 2010 fourniront des conditions idéales et une occasion en or aux trafiquants de personnes. Le rapport dit que les jeux pourraient être un point névralgique pour la traite des personnes. Intitulé Faster, Higher, Stronger : Preventing Human Trafficking at the 2010 Olympics, le rapport établit un lien saisissant entre les événements sportifs internationaux et une flambée de la demande au chapitre de la prostitution, demande qui peut alimenter la traite des personnes. Le rapport révèle qu’il y a eu une augmentation de 95 p. 100 du nombre des victimes de la traite des personnes recensées par les autorités grecques lors des Jeux olympiques d’Athènes en 2004.

Devant le constat fait à Athènes, les inquiétudes sont de deux ordres : premièrement, la traite des personnes peut permettre de répondre à l’augmentation temporaire de la demande de prostituées pendant les Jeux olympiques et, deuxièmement, les trafiquants pourraient tenter d’importer des victimes, qui se présenteraient comme des visiteurs aux jeux olympiques, dans le seul but de les exploiter dans d’autres villes ou de les faire passer aux États-Unis.

Cette menace est prise au sérieux par les autorités de Londres, qui accueillera aussi des Jeux olympiques dans l’avenir. On a nommé un nouveau commissaire de police adjoint dont un aspect du mandat consiste à prévenir la traite des personnes en tant que produit dérivé des jeux.

Selon des estimations, plus de quatre millions de jeunes filles et de femmes seraient vendues dans le monde pour être destinées à la prostitution, à l’esclavage ou au mariage forcé. Les États-Unis croient à un chiffre plus bas, soit de 600 000 à 800 000 dans le monde et de 14 500 à 17 500 par an aux États-Unis mêmes, et 80 p. 100 des victimes seraient des femmes.

Honorables sénateurs, le Canada ne fait pas exception. Notre pays est à la fois une destination et un pays de transit pour les victimes de ce trafic provenant des pays d’Europe de l’Est, de la Chine, de l’Asie du Sud-Est et de l’Amérique latine. La GRC avance un chiffre prudent de 800 à 1 200 victimes de la traite des personnes au Canada par an et croit que la plupart d’entre elles sont dirigées vers le travail forcé ou le commerce illégal du sexe. Les ONG avancent au contraire un chiffre aussi élevé que 16 000. De toute évidence, il est difficile d’obtenir des statistiques précises en raison de la nature clandestine de cette activité. Quoi qu’il en soit, la traite des personnes est un produit dérivé indésirable de la mondialisation et les Jeux olympiques de Vancouver pourraient exacerber la situation.

Honorables sénateurs, notre gouvernement ne doit pas rester les bras croisés. Il doit mettre en œuvre un plan en prévision de la traite des personnes qui pourrait survenir lors de cet événement. Il serait horrible de penser que, pendant que nous célébrions les réalisations de nos athlètes et suivions les jeux, nous avons fermé les yeux sur le problème répandu de l’exploitation sexuelle des femmes, alors qu’il frappait à seulement deux pas du stade.

Honorables sénateurs, notre objectif doit être d’empêcher que les Jeux olympiques de Vancouver en 2010 ne soient le théâtre d’activités liées au trafic et à l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants, tant au Canada qu’à l’étranger.