Débats du Sénat (hansard)

2e Session, 39e Législature,
Volume 144, Numéro 40

Le jeudi 6 mars 2008
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La Journée internationale de la femme

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, j’aimerais rendre hommage à l’huissier du bâton noir et le remercier d’avoir permis à tous les Canadiens d’avoir accès à la Colline.

Samedi prochain, le 8 mars, nous célébrerons la Journée internationale de la femme, et j’aimerais réfléchir sur sa signification. C’est le jour où nous célébrons le message mondial du progrès, de l’espoir et de l’autonomisation des femmes. C’est aussi le jour où nous évaluons les progrès des droits des femmes autant au Canada que dans le monde entier. La Journée internationale de la femme est un moment de réflexion et l’occasion de nous rappeler qu’il y a toujours des femmes qui luttent pour obtenir l’égalité. Honorables sénateurs, il arrive souvent que les droits des femmes soient interprétés à travers le filtre de la religion et de la culture. En voici trois exemples.

En Arabie saoudite, les femmes n’ont pas le droit de conduire. C’est là une question délicate et épineuse et la logique de cette interdiction fait l’objet de nombreux débats. Certains l’attribuent à la religion et d’autres à la culture. Ce qui est sûr, c’est que les femmes ne peuvent pas conduire. Un imam saoudien a dit que les femmes n’ont pas le droit de conduire dans son pays à cause des conséquences que cela entraînerait, nommément la corruption généralisée, l’exposition des cheveux et du visage des femmes, le contact entre les hommes et les femmes, le fait que des hommes se retrouveraient seuls avec des femmes et la destruction de la famille et de la société entière.

Au Nigeria, les femmes accusées d’adultère risquent la mort par lapidation. Ce châtiment aurait, semble-t-il, des fondements religieux.

Dans notre pays, en décembre dernier, nous avons pleuré la mort d’une jeune femme canadienne, Aqsa Parvez, une musulmane bien- aimée qui, selon ses amis, avait du mal à accepter certains rituels pratiqués par sa famille. Beaucoup ont qualifié sa mort de meurtre pour l’honneur. Encore une fois, un acte odieux a été commis au nom de la religion ou de la culture.

Honorables sénateurs, nous avons tous l’obligation de nous opposer au déni des droits des femmes au nom de la religion ou de la culture. Nous devons nous demander où il est indiqué, dans les écritures religieuses, que les femmes n’ont pas de droits. Je crois que, même si on nous montrait un passage qui l’affirmait, nous devrions quand même nous opposer au déni des droits des femmes. Nous devons affirmer clairement que, dans ce pays, nous travaillons fort pour assurer l’égalité des hommes et des femmes, et que nous ne renoncerons pas aux droits des femmes. Toutes les Canadiennes ont les mêmes droits.

Honorables sénateurs, quand Aqsa Parvez a été tuée à Toronto, les droits de toutes les femmes canadiennes ont été violés. Nous ne pouvons pas laisser les droits des Canadiennes être modifiés ou réduits. Le Sénat doit continuellement faire preuve de vigilance afin de protéger les droits de toutes les femmes jusqu’à ce qu’elles obtiennent l’égalité. La Journée internationale de la femme continuera d’être un jour où nous devons évaluer nos progrès à cet égard jusqu’à ce que nous réalisions l’égalité de toutes les femmes canadiennes.