Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 40e Législature,
Volume 145, Numéro 8

Le mercredi 3 décembre 2008
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES ET AUX JEUNES FILLES EN SITUATION DE CONFLIT

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, le 13 août dernier, le Canada a perdu deux femmes courageuses, en l’occurrence Jackie Kirk et Shirley Chase, qui ont été brutalement et lâchement tuées lorsque leur voiture est tombée dans une embuscade en Afghanistan. Elles rentraient d’une réunion avec les représentants d’une collectivité locale, dans le cadre d’un projet visant à aider les enfants handicapés. Jackie et Shirley avaient consacré leur vie à faire en sorte que les enfants victimes de conflits armés, particulièrement les fillettes, aient accès à l’éducation.

J’ai rencontré Jackie pour la première fois alors que j’étais conseillère spéciale chargée de la question des femmes, de la paix et de la sécurité. Elle était venue de Montréal en autobus, comme elle le faisait souvent, pour participer à une réunion sur la violence faite aux femmes et aux fillettes lors de conflits armés. Outre sa vaste connaissance des défis à relever au Soudan, en République démocratique du Congo et en Afghanistan, j’ai surtout été frappée par son incroyable chaleur humaine et sa passion pour les causes qu’elle défendait.

Après le décès de son épouse, le mari de Jackie a déclaré qu’il lui disait souvent à la blague qu’il devait faire concurrence aux millions de fillettes qui ne fréquentaient pas l’école à cause de conflits armés. Non seulement les gens qu’elle a aidés mais également les anciens collègues et les amis de Jackie se rappelleront le travail qu’elle a fait pour promouvoir l’éducation et la protection des droits des femmes et des jeunes filles. Son héritage restera bien vivant grâce à ses étudiants de l’Université McGill, qu’elle a guidés et qui poursuivront la tâche incroyable qu’elle avait entreprise.

La mort tragique de Jackie a été d’une extrême violence, mais sa vie et son cœur ont été d’une beauté tout aussi intense. Je ne connaissais pas Shirley Case personnellement, mais il ne fait aucun doute qu’elle était aimée de sa famille, de ses amis et de ses collègues travailleurs humanitaires et qu’elle était tenue en grande estime par tous ceux qui l’entouraient. À la lumière de son intérêt pour les questions nationales canadiennes, de son travail dans des pays en développement et de son engagement à l’égard de l’environnement qu’elle aimait tant, je suis persuadée que Mme Case était animée du désir de créer un meilleur monde pour tous.

Au Canada, Shirley a fait sa marque par son travail avec des organisations telles que Katimavik et Jeunesse Canada Monde. À l’échelle internationale, elle a travaillé pour CARE au Tchad et à Banda Aceh, en Indonésie. Le dernier poste qu’elle a occupé était au sein du Comité international de secours, en Afghanistan.

Son énergie débordante, son esprit d’aventure et sa volonté de contribuer inspireront tous les jeunes Canadiens qui travaillent pour la paix et la sécurité dans le monde. Ses réalisations en tant que travailleuse humanitaire et environnementaliste passionnée survivront à cette tragédie. Les personnes dont Shirley a touché la vie se sont engagées à planter un arbre à sa mémoire le 13 août de chaque année.

La résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU met en évidence les effets de ce conflit sur les femmes et les jeunes filles. Le Canada appuie cette résolution.

Honorables sénateurs, nous devons faire en sorte que le respect des droits des femmes et des jeunes filles soit omniprésent dans notre engagement en Afghanistan, que ce soit en matière de défense, de diplomatie ou de développement.

Aujourd’hui, l’Ottawa Citizen indiquait qu’on soupçonne les talibans d’avoir ciblé les Afghanes qui allaient assister à une rencontre organisée par les Forces canadiennes à l’intention des femmes. Cinq dispositifs explosifs de circonstance ont été découverts sur les routes empruntées par les femmes pour aller se renseigner sur leurs droits.

Dans cet article, le caporal-chef Helen Hawes, des Forces canadiennes, fait la déclaration suivante :

J’ai un penchant féministe. Je crois donc que nous devrions agir pour faire en sorte que les jeunes filles puissent aller à l’école. Mon opinion n’est peut-être pas la meilleure sur le plan culturel, mais comme je suis une femme occidentale à qui toutes les possibilités ont été offertes, j’espère que ces filles ne seront pas confinées à faire la cuisine et le ménage toute leur vie. Elles veulent que les choses changent.

Honorables sénateurs, nos soldats et nos travailleurs humanitaires font de l’excellent travail en notre nom en Afghanistan.