Débats du Sénat (hansard)

2e Session, 40e Législature,
Volume 146, Numéro 35

Le mercredi 13 mai 2009
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

Le Sri Lanka

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, des milliers de Canadiens d’origine tamoule sont venus réclamer, à nos portes, l’intervention du gouvernement pour faire cesser le massacre des membres de leurs familles au Sri Lanka. On assiste à la fin sanglante d’une tuerie qui dure depuis 26 années, la guerre civile sri lankaise. Des milliers de civils tamouls sont pris dans le feu croisé des deux camps, qui refusent de faire la moindre concession.

Honorables sénateurs, ces civils n’ont pas souhaité cette guerre et ils n’ont aucune influence sur les Tigres tamouls, qui prétendent agir dans leur intérêt. Ce sont des victimes qui ont longtemps souffert sans que la communauté internationale n’intervienne. Les libertés fondamentales dont les Canadiens d’origine tamoule se sont prévalus, plus particulièrement la liberté de réunion pacifique et la liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, sont celles- là même qui font du Canada un chef de file en matière de droits de la personne.

Aucun parlementaire n’accepte d’être en relation avec une organisation terroriste, mais nous avons néanmoins la responsabilité d’écouter les citoyens canadiens. Dans ce cas-ci, il s’agit de Canadiens d’origine tamoule.

En 2004, en qualité d’envoyée canadienne relativement à la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, j’ai travaillé partout au pays avec des Canadiennes d’origine sri lankaise, de concert avec la Société Asiatique des Partenaires Canada, le Forum des fédérations, le Comité canadien sur les femmes, la paix et la sécurité, de même que le gouvernement du Canada. De ce travail est né le rapport Ripples Across the Ocean. J’ai également assisté, en votre nom, aux entretiens menés avec le ministre sri lankais des Affaires étrangères à Colombo, au Sri Lanka.

La résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies réaffirme le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement des conflits, les négociations de paix, la consolidation de la paix et les interventions humanitaires, et souligne qu’il importe qu’elles participent sur un pied d’égalité à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité.

Honorables sénateurs, nous savons que ce sont surtout les femmes et les enfants qui souffrent lors des conflits armés. Au cours de nos consultations menées en 2004, des femmes de milieux professionnels, religieux et culturels variés ont fait entendre leur voix avec beaucoup de vigueur. Le rapport qui en a découlé était fort prometteur et suggérait des façons par lesquelles le gouvernement canadien et la communauté des femmes canado-sri lankaises pourraient travailler ensemble pour favoriser l’autonomisation des femmes au Sri Lanka.

Le rapport suggérait notamment d’amener des femmes canadiennes à mettre à profit leur expérience et leur influence au sein de la société civile pour sensibiliser leurs homologues sri lankaises et les aider à devenir autonomes dans les domaines de la gouvernance et du processus de paix. Le rapport prévoyait également l’élaboration de programmes venant de la base et portant sur des questions relatives à l’égalité des sexes, comme la violence physique et sexuelle, ainsi que la marginalisation économique des femmes. Il favorisait le tissage de liens communautaires afin d’établir des programmes de guérison et de bien-être, et de mettre en place des structures communautaires utiles aux femmes et aux enfants touchés par la guerre.

Honorables sénateurs, ce fut une expérience enrichissante que de rencontrer des membres de la communauté unie des femmes canado- sri lankaises. Nous espérions que les consultations constitueraient une première étape vers la guérison et qu’elles aideraient le gouvernement canadien à comprendre la culture sri lankaise, ainsi que l’importance de créer des partenariats constructifs avec les femmes sri lankaises.

Aujourd’hui, des milliers de personnes se font mutiler ou tuer, et nous, Canadiens, devrions agir pour faire cesser ce massacre. Des citoyens canadiens manifestent aux portes du Parlement pour que leurs familles puissent obtenir de l’aide. Nous devons agir. Le rapport nous explique ce que nous pouvons faire.

Je demande aux sénateurs de réfléchir à la façon dont nous nous sentirions si un membre de notre famille était en danger. Les Canadiens d’origine sri lankaise font partie de notre famille canadienne, et nous devons travailler avec nos concitoyens pour mettre un terme à toute cette violence.