Débats du Sénat (hansard)

2e Session, 40e Législature,
Volume 146, Numéro 44

Le mercredi 10 juin 2009
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

Hommages

L’honorable Willie Adams

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je tiens à rendre hommage à notre collègue, le sénateur Adams. Il a été nommé au Sénat par le très honorable Pierre Trudeau le 5 avril 1977 et il y a représenté les Territoires du Nord-Ouest jusqu’à la création de la région du Nunavut en 1999. On l’a surnommé le doyen du Sénat puisque c’est lui qui a les plus longs états de service dans cette institution. Il a rempli ses fonctions de sénateur avec distinction pendant 32 ans.

Pendant tout ce temps, le sénateur Adams a défendu avec beaucoup d’énergie la communauté inuite du Canada, qui n’est pas toujours un groupe facile à représenter. Les particularités géographiques de la région en font également un endroit sans pareil pour un parlementaire. C’est une région magnifique, mais très vaste.

Qui aurait pu prédire, au printemps de 1977, que la vie du sénateur était sur le point de changer du tout au tout? Cette année-là, le premier ministre Trudeau a décidé que les Inuits devaient être représentés au Sénat par un Inuk et que Willie Adams serait le premier.

Un article publié dans le numéro de mars 1997 du Nunatsiaq News rapporte les circonstances de la nomination de Willie Adams. Le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien a été envoyé dans la région avec la mission d’interviewer trois ou quatre candidats. Le sénateur Adams se souvenait très clairement de cette entrevue avec le ministre et il l’a décrite dans l’article du journal avec l’humour caustique que nous avons tous appris à connaître et à apprécier.

Il a dit : « Pourquoi moi? » Il avait même été étonné d’apprendre qu’on avait pensé à lui. Il avait occupé deux mandats comme président du conseil du village, mais s’était ensuite retiré parce que, a-t-il dit, « il n’y avait pas beaucoup d’argent à faire en politique et il était beaucoup plus payant de travailler dans l’électricité. » Il était toutefois curieux.

Il a demandé au ministre ce que faisait le Sénat.

« Pas grand-chose », a répondu le ministre.

Il y a certaines choses qui ne changent pas.

« Combien cela paie-t-il », a-t-il ajouté.

Lorsque le ministre lui a répondu, le sénateur Adams a aussitôt dit : « J’accepte. »

Sénateur Adams, pendant toute votre carrière, vous avez beaucoup donné. Vous avec vu à ce que les Inuits soient consultés dans les dossiers importants comme la souveraineté, les pêches, les ressources minérales, l’utilisation du territoire et les ressources fauniques. Vous nous avez aidés à comprendre certains problèmes comme le maintien de la langue, de la culture et de la diversité et les luttes que les Inuits ont dû mener pour survivre et tirer profit de ce que leurs terres peuvent leur offrir, sans parler de leurs grandes capacités à le faire.

Je m’en voudrais de ne pas mentionner l’appui enthousiaste que vous avez donné à l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut et le rôle actif que vous avez joué dans le processus menant à la création du Nunavut en 1999. C’est un grand pan de l’héritage que vous laissez.

Sénateur Adams, en tant que sénateur, vous avez rapproché de nous ce territoire et ses habitants. Vous avez défendu et promu les coutumes, la culture et les préoccupations des Inuits et vous avez été un éducateur à ces égards. Votre voix manquera à votre région et à vos collègues sur la Colline du Parlement.

Dans cet article de journal, Willie reconnaît une chose : « Il m’arrive parfois d’avoir le mal du pays et de m’ennuyer du Nord. »

Sénateur Adams, puisse ce mal du pays être remplacé par de longs moments à Rankin Inlet et de précieux souvenirs partagés avec votre famille, qui nous a laissé profiter pendant trop longtemps de votre inestimable présence parmi nous.