Débats du Sénat (hansard)

2e Session, 40e Législature,
Volume 146, Numéro 75

Le mardi 1er décembre 2009
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, le 25 novembre, le monde entier a souligné la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Aujourd’hui, nous commémorons la mort de 14 femmes à l’École Polytechnique, le 6 décembre 1989.

Afin de mieux comprendre de tels actes — tant de terreur et de batailles —, j’attire l’attention du Sénat sur la douleur qu’exprime le visage de nos mères, de nos filles, de nos sœurs, de nos tantes et de nos cousines : c’est l’empreinte de la violence faite aux femmes.

Il y a plus de 30 ans, quand j’ai commencé à travailler comme avocate à Vancouver, j’ai été exposée pour la première fois à la violence à l’égard des femmes. J’ai travaillé avec des femmes de milieux divers qui avaient été brutalisées physiquement et psychologiquement par leur mari ou partenaire. J’ai vu les marques laissées par la violence physique, des cicatrices encore fraîches. J’ai entendu dans leurs voix éteintes les séquelles psychologiques qu’elles devaient encore traîner.

Au début des années 1990, le premier ministre Mulroney a créé un comité sur la violence faite aux femmes, dont je faisais partie. Au début des travaux du comité, j’ai rencontré Mme Edward, dont la fille avait été tuée par Marc Lépine à l’École Polytechnique de Montréal.

Pourquoi a-t-elle été assassinée? Parce qu’elle voulait devenir ingénieure.

La douleur de Mme Edward me hante encore.

Quand notre comité s’est rendu dans l’Est canadien, nous avons rencontré une femme qui s’était fait tirer un coup de feu en plein visage par son mari. Son visage était pratiquement détruit. Il ne restait que deux trous où ses oreilles avaient été, un trou où son nez aurait dû être et un trou béant en guise de bouche. La vision de cette femme défigurée me hante encore.

Dans une réserve, nous avons rendu visite à une jeune fille qui nous a raconté avoir été violée à répétition. Son oncle l’avait violée pendant qu’il lui pointait un fusil sur la tempe. Je suis encore hantée par le souvenir de cette jeune fille violée à répétition avec un fusil pointé sur la tempe.

Honorables sénateurs, le meurtre horrible de 14 femmes par Marc Lépine, la femme défigurée et la jeune fille violée à répétition font partie de ma vie. Tous les sénateurs ont entendu des histoires semblables. Je demande aujourd’hui que nous nous souvenions des femmes et des filles qui nous ont été enlevées à cause de la violence et que nous donnions notre appui aux femmes et aux filles qui sont encore victimes de violence.