Débats du Sénat (hansard)

3e Session, 40e Législature,
Volume 147, Numéro 31

Le jeudi 27 mai 2010
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La résolution de conflits

L’honorable Mobina S. B. Jaffer: Honorables sénateurs, pendant des décennies, le Canada a tiré fierté de sa réputation de nation pacifique. Les Canadiens ont adopté une culture de paix. Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que nous voulons continuer à promouvoir la paix, qui est l’objectif fondamental auquel nous aspirons tous.

Hier soir, j’ai eu le privilège de coanimer une conférence sur le projet de loi C-447, qui vise à créer un ministère canadien de la paix. Cette mesure a été proposée par le député Bill Siksay. Le ministère permettrait de détecter rapidement les conflits avant que ceux-ci ne deviennent violents et de trouver des solutions innovatrices face à la violence, dans le but de créer une culture de paix au Canada et à l’étranger.

Le projet de loi C-447 a été appuyé par 21 députés. Malheureusement, cette mesure ne franchira pas l’étape de la deuxième lecture, étant donné qu’elle nécessite un engagement financier.

Ce qui est encore plus triste, c’est que, pour chaque dollar qu’il consacre aux missions de maintien de la paix, le gouvernement consacre 2000$ à l’achat d’armes. C’est une priorité inacceptable. Il faut consacrer moins d’argent à l’effort de guerre et davantage au maintien de la paix et à la résolution de conflits.

La réaffectation des fonds aurait non seulement un impact positif énorme sur les populations civiles des pays en développement qui sont souvent visés par un effort de guerre, mais elle refléterait aussi les valeurs politiques et morales des Canadiens.

Par le passé, les guerres étaient déclarées par des hommes en uniforme et livrées par des soldats. La majorité des victimes était des militaires.

Ce n’est plus le cas. De nos jours, les guerres n’entraînent plus des pertes de vie uniquement chez les braves soldats qui luttent sur les champs de bataille mais, au XXsiècle, elles ont fait 120 millions de victimes, dont 95p.100 étaient des civils. Nous devons nous assurer que les civils innocents dans des pays étrangers ne soient plus des dommages collatéraux de guerres qui sont livrées pour des causes injustes et en se servant de moyens immoraux.

Honorables sénateurs, je travaille avec des femmes des zones tribales du Pakistan. Elles me disent qu’elles ont été personnellement témoins des conséquences de la violence sur les femmes de leurs communautés. J’ai parlé à des mères qui vivent non seulement dans

la peur d’être attaquées, mais qui craignent aussi que leurs fils ne deviennent des kamikazes. Ces femmes qui ont déjà tellement peu sont maintenant contraintes de regarder leurs collectivités s’écrouler complètement.

Si un ministère canadien de la paix était créé, nous pourrions communiquer avec les collectivités, régler des conflits sans recourir à des moyens violents, et aider les communautés comme celle à laquelle j’ai fait allusion au Pakistan, qui sont particulièrement vulnérables.

La création d’un ministère de la paix s’impose depuis longtemps. Nous devons nous efforcer de devenir un symbole d’espoir. Nous devons entrer dans une nouvelle ère de résolution de conflits. Dans notre merveilleux pays, nous savons comment vivre dans l’harmonie. Il faut maintenant partager cette connaissance avec le monde entier.