Débats du Sénat (hansard)

3e Session, 40e Législature,
Volume 147, Numéro 37

Le jeudi 10 juin 2010
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La République démocratique du Congo

Les droits des femmes et des enfants

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour vous parler encore une fois de la situation au Congo. J’ai déjà parlé de la violence, des viols et des difficultés qui font partie du quotidien des femmes de ce pays. Aujourd’hui, je vous parlerai d’un autre aspect de cette situation, d’une histoire d’héroïsme, de dévouement et de solidarité.

Récemment, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs Congolaises. Depuis 15 ans, ces femmes dominées par la culpabilité, le remords et la frustration se préoccupent vivement du sort des femmes au Congo.

L’une de ces Congolaises est un modèle d’altruisme, de compassion et d’engagement. Cette femme s’appelle Julienne Lusenge. Elle se décrivait comme une activiste, mais, après avoir entendu son histoire, j’ai su qu’elle était bien plus que cela. Elle est une héroïne des temps modernes.

Assise face à moi, elle a parlé des innombrables nuits qu’elle a passées loin de sa famille afin de pouvoir se rendre dans des villages isolés pour venir en aide aux victimes d’actes de violence qui, autrement, n’auraient pas reçu l’attention qu’elles méritent.

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Elle a aussi parlé du temps et de l’énergie qu’elle consacre pour faire en sorte que les cas de violence soient documentés, qu’ils soient portés à l’attention du public et que justice soit faite.

Le problème n’est pas le manque d’efforts ou de motivation. Bien d’autres personnes, comme Julienne, seraient prêtes à mettre de côté leur bien-être personnel pour aider les plus démunis.

Ces personnes peuvent se faire entendre auprès des représentants des gouvernements et faire tout en leur pouvoir pour présenter les cas, les documenter devant les tribunaux, mais elles n’ont pas les moyens de payer les avocats qui représentent les victimes.

Elles n’ont pas de locaux à leur disposition, la capacité d’accueil des locaux existants étant déjà dépassée. Elles ne peuvent pas non plus avoir accès aux médicaments et au matériel médical requis pour traiter les femmes à qui elles portent secours.

Le fait est que Julienne et ses collègues sont prêtes à défendre ardemment les leurs, mais elles ont besoin d’argent, de ressources et d’un système qui ne les laissera pas tomber.

Honorables sénateurs, nous devons, ensemble, évaluer sérieusement la situation au Congo et nous assurer que les voix des femmes et des enfants seront effectivement entendues.

Surtout, nous devons veiller à ce que les femmes comme Julienne aient accès aux ressources dont elles ont besoin pour continuer à prendre la défense des femmes au Congo.

[Traduction]