Débats du Sénat (hansard)

3e Session, 40e Législature,
Volume 147, Numéro 91

Le jeudi 3 mars 2011
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La participation des femmes au processus politique

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour jeter un peu de lumière sur les manifestations qui se déroulent dans le monde au nom de la démocratie.

Ces derniers mois, les journaux, les magazines et les autres médias ont présenté des reportages sur les différentes manifestations qui ont lieu dans des pays comme l’Égypte, la Libye et le Soudan. Cette couverture médiatique a montré au monde que les hommes et les femmes, jeunes et vieux, se sont unis pour se battre pour ce qu’ils croient.

Ce qui est souvent passé sous silence, cependant, c’est le rôle unique que jouent les femmes dans ces manifestations et la position vulnérable dans laquelle elles se placent. Lors d’une récente visite dans la région, j’ai appris que les femmes jouaient un rôle clé dans les manifestations, non seulement comme participantes, mais aussi en tant qu’écrivaines, organisatrices et bailleresses de fonds.

Leur engagement a cependant un prix épouvantable. Pas plus tard que la semaine dernière, j’étais dans la région et j’ai vu des femmes qui avaient été arrêtées pour leur participation aux manifestations. Elles avaient été emprisonnées, mais aussi torturées et violées. Ces femmes étaient physiquement et psychologiquement meurtries et, en plus, elles avaient subi une atteinte profonde à leur dignité et avaient vu s’effondrer leur seul espoir de se marier.

Une jeune femme, du nom de Safia, m’a raconté les mauvais traitements que lui ont infligés les forces de sécurité. Son histoire me hante encore la nuit.

Safia, qui était étudiante à l’université, participait à l’organisation de nombreuses manifestations et en suivait le déroulement. Lorsque les forces de sécurité ont eu vent de son engagement, ils l’ont immédiatement arrêtée. Pendant qu’elle était en détention, Safia a été victime d’agressions physiques et de cruauté mentale.

Elle m’a raconté que son voile était tombé pendant qu’on la battait et que les agents de sécurité s’étaient moqués d’elle, doutant de sa virginité. Elle a été violée, de la façon la plus brutale et la plus ignoble qui soit, par plusieurs hommes.

J’exhorte les sénateurs à aider les femmes comme Safia à obtenir l’asile au Canada. Je suis convaincue que nous avons le devoir de tendre la main à ces femmes et de leur permettre de vivre dans la dignité.

Je retournerai en Afrique cette semaine et j’aurai encore l’occasion de m’entretenir avec Safia, qui vit maintenant dans un autre pays. Je suis bien consciente que nous ne pouvons pas réécrire le passé de Safia, mais je crois sincèrement que nous avons le pouvoir de lui garantir un avenir meilleur.

Je demande aux sénateurs d’aider les femmes comme Safia, qui luttent avec courage pour la démocratie.