Débats du Sénat (hansard)

3e Session, 40e Législature,
Volume 147, Numéro 99

Le vendredi 25 mars 2011
L’honorable Donald H. Oliver, Président intérimaire

La participation des femmes aux processus de paix

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour vous faire part du processus de réconciliation lancé par des femmes très courageuses et visionnaires.

Il y a plus d’un an, le Fonds d’action urgente, un fonds qui aide les femmes à se prendre en charge, a décidé de mettre en œuvre la résolution 1325 des Nations Unies. Le Canada peut être très fier de cette résolution, puisque notre ambassadeur officiel, David Angell, a travaillé d’arrache-pied et en étroite collaboration avec d’autres intervenants pour la faire adopter par l’ONU. Cette résolution demande aux femmes de participer aux processus de paix. Terry Greenbelt, Marcy Wells et Sanam Anderlini ont réuni des Kényanes du Nord, de la Côte, de la vallée du Rift et des villes pour former une coalition de femmes qui se battent pour la paix.

Lorsque je les ai rencontrées pour la première fois à l’occasion de réunions à Amman, en Jordanie, il y a un an, Mary Kakuvi, Halima Shuria, Mildred Ngesa, Joy Mbaabu et Jessica Nkuuhe éprouvaient beaucoup de douleur et de colère. Leurs proches avaient été tués ou estropiés, leurs amis avaient disparu et leurs collectivités étaient détruites.

Pendant ces réunions que j’ai animées à Amman, je me suis mise à douter que ces femmes guérissent un jour ou soient capables de collaborer. La coalition verrait-elle le jour?

En quittant Amman, elles ont décidé de mettre leurs différences de côté et de collaborer. Le 8 mars 2011, les Kényanes ont lancé un organisme appelé Udada, ce qui signifie solidarité féminine en swahili. Le but de cet organisme communautaire créé par les cinq femmes susmentionnées est de promouvoir la solidarité féminine et de maintenir une paix durable. Udada a un mandat d’aider les femmes du peuple à se prendre en charge en leur fournissant les outils nécessaires pour leur permettre de faire régner la paix dans leur foyer et leur collectivité, et surtout d’éviter toute forme de violence lors du prochain scrutin au Kenya.

C’est le président de la Commission de mise en œuvre de la Constitution, Charle Nyachae, qui était le conférencier invité au lancement de l’organisme. Il a parlé avec éloquence de la participation des femmes à l’élaboration et surtout à l’application de la Constitution kényane. Après le lancement d’Udada, nous nous sommes rencontrés pour voir comment aider la coalition à mettre en œuvre son mandat. Le haut-commissaire du Canada, David Collins, était des nôtres et a désigné Richard LeBars pour collaborer avec nous et aider les femmes à s’organiser, en prévision des prochaines élections.

Lors de la réunion, le commissaire à la Constitution a dit que celle-ci ne serait totalement mise en œuvre que si les Kenyans, et surtout ceux qui en bénéficieraient le plus, soit les femmes kenyanes, demeurent vigilants.

Honorables sénateurs, le Kenya compte 40 tribus. Malheureusement, le tribalisme est une source de conflits et de tensions parmi les Kényans. Toutefois, Udada est une organisation qui veut mettre de côté les différences qui divisent les femmes et tente de se concentrer sur les points qu’elles ont en commun ou sur les enjeux qui les unissent.

Je suis convaincue que ces cinq femmes, avec l’aide d’autres femmes, changeront la façon dont les élections se déroulent au Kenya. Je félicite Udada et admire les efforts qu’elle déploie pour mobiliser les femmes, atténuer les conflits, promouvoir les valeurs nationales et favoriser une coexistence pacifique.

Je demande aux sénateurs de se joindre à moi pour féliciter Mary, Halima, Mildred, Jessica, Joy, Terry, Marcy et Sanam, qui défendent leurs sœurs kenyanes et sont solidaires de toutes les femmes kenyanes, quelles que soient leur tribu, leur religion ou leurs croyances, dans le but d’apporter la paix au Kenyan.