Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 3

Le mardi 7 juin 2011
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

Hommes et femmes du Zimbabwe, levez-vous!

Le rôle de Mme Jenni Williams

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je voudrais vous parler aujourd’hui d’une femme remarquable qui se dévoue pour la protection des droits de la personne au Zimbabwe.

Protectrice des droits de la personne, Jenni Williams est la fondatrice de l’organisme Women of Zimbabwe Arise!, que l’on appelle aussi WOZA et qui aide les hommes et les femmes du Zimbabwe à se mobiliser pour défendre leurs droits.

J’ai eu le privilège d’accueillir Jenni dans mon bureau, où elle a pu m’entretenir de ses réalisations et des obstacles qu’elle continue de rencontrer. Elle m’a indiqué que, au cours des neuf dernières années, WOZA a mobilisé plus de 80 000 hommes et femmes au Zimbabwe, et a allumé en eux la flamme de la dignité, pour les amener à manifester pacifiquement et courageusement au nom des droits de la personne.

Le soir même, j’ai assisté à une conférence donnée par Jenni à l’Université Carleton. Elle a expliqué à l’auditoire que le gouvernement du Zimbabwe cherche avant tout à se maintenir perpétuellement au pouvoir et s’intéresse peu aux problèmes comme les droits de scolarité inabordables, les refoulements d’égout et les pénuries d’eau.

Consciente que toute personne s’exprimant franchement sur ces questions serait considérée comme une ennemie de l’État, Jenni a décidé que WOZA descendrait dans les rues pour manifester, au nom des mères et des autres femmes du pays, pour exiger la justice sociale.

Après avoir constaté que, au Zimbabwe, les gens étaient des réfugiés dans leur propre pays, les sympathisants de WOZA ont décidé que c’était tout simplement inacceptable. Ils se demandent encore pourquoi tant de Zimbabwéens vivent à l’étranger. Pourquoi les policiers, les enseignants et les médecins quittent-ils le Zimbabwe?

Grâce à des manifestations stratégiques non violentes, les membres de WOZA ont trouvé des moyens de s’émanciper. Ils continuent de descendre dans la rue pour dire aux gens d’opter pour l’amour plutôt que pour la haine.

Honorables sénateurs, je crois fermement que je suis moi-même sortie grandie de ma rencontre avec Jenni. Au moment de mon départ, Jenni m’a remis un foulard de la même couleur que celui qu’elle porte fièrement. Elle m’a expliqué que ce foulard orné d’une rose éclatante symbolise l’essence même de WOZA, pour qui « le peuple du Zimbabwe veut du pain et des roses, car nous méritons également de belles choses ».

Je suis vraiment touchée par le cadeau plein d’attention de Jenni. Je le porte avec fierté, non seulement pour les femmes du Zimbabwe, mais aussi pour les femmes du monde entier dont la vie est détruite par la violence et l’injustice.

Honorables sénateurs, avant de partir, Jenni m’a confié qu’elle avait été emprisonnée 38 fois et que son corps porte plusieurs cicatrices qui témoignent des nombreuses fois où elle a été battue. Je lui ai lancé un regard chargé de tristesse et de crainte, mais elle m’a rassurée par une bravade, en disant : « Frapper une femme, c’est frapper un roc. Ils n’arriveront jamais à me briser. »