Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 5

Le jeudi 9 juin 2011
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La mutilation génitale des femmes

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, j’aimerais parler aujourd’hui de la violation grossière des droits de la personne dont les femmes continuent d’être victimes, au Canada comme dans le reste du monde.

Au fil des années, environ 114 millions de femmes et de fillettes ont subi une forme ou une autre de mutilation génitale. Cette pratique est notamment courante dans 27 pays d’Afrique, sept pays du Moyen-Orient et dans plusieurs parties de la Malaisie, de l’Inde et de l’Indonésie. Même si, pour beaucoup de gens, il s’agit d’un problème qui ne touche que l’Afrique ou les immigrantes, la mutilation génitale des femmes est un problème tout ce qu’il y a de plus canadien auquel nous devons nous attaquer sans plus tarder.

Selon le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme, de 1986 à 1991, environ 40 000 femmes nouvellement arrivées au Canada avaient subi une forme ou une autre de mutilation des organes génitaux. Et on ne parle même pas des milliers de femmes qui sont arrivées de Somalie après 1991, et dont un grand nombre, si on se fie aux statistiques, ont aussi été victimes de mutilation génitale.

Honorables sénateurs, la femme et la réfugiée que je suis est extrêmement reconnaissante de l’accueil qui m’a été réservé par le gouvernement du Canada ainsi que par les Canadiens eux-mêmes. J’ai beau savoir à quel point je suis chanceuse de pouvoir dire que le grand pays qu’est le Canada est le mien, cela ne m’empêche pas d’être consciente des nombreux obstacles que les nouveaux arrivants doivent surmonter au quotidien.

Même si le gouvernement fédéral, en adoptant le projet de loi C-27, a fait de la mutilation génitale des femmes une infraction criminelle punissable par la loi, c’est loin d’être suffisant. Il faut que les femmes qui immigrent au Canada et qui ont subi une forme ou une autre de mutilation génitale reçoivent des soins périnataux et de santé adéquats.

Il faut en outre que nous expliquions à ces femmes les lois qui encadrent cette pratique de même que les complications qui peuvent en découler. Ce faisant, non seulement nous allons permettre aux femmes qui ont déjà été victimes de cette pratique de recevoir les mêmes soins que ceux qui sont prodigués aux autres Canadiens, mais nous allons également faire en sorte qu’elles ne fassent pas subir le même sort à leurs filles.

Honorables sénateurs, je vous en conjure : reconnaissons que la mutilation génitale des femmes est un problème canadien. Mais surtout, gardons à l’esprit que c’est la pratique que nous devons condamner, et non les femmes qui en ont été victimes.