Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 32

Le mercredi 23 novembre 2011
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La santé de la mère et de l’enfant

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, chaque année, dans le monde en développement, plus de 500 000 femmes meurent en couches. Plus d’un an s’est écoulé depuis le sommet du G8, tenu au Canada, et où notre pays s’est engagé à se faire le champion de la santé de la mère et de l’enfant. En dépit de quelques progrès qui ont permis de sauver des vies, il reste beaucoup à faire. Le Canada ne peut pas s’arrêter maintenant, et je vous dis pourquoi.

Il y a peu de temps, mon adjointe, Rahmat Kassam, et moi avons pu aller visiter une clinique de maternité en Afrique. Rahmat et moi avions fait beaucoup de recherche et de travail sur la santé maternelle et nous connaissions assez bien la dure réalité à laquelle sont confrontées les femmes dans les pays en développement, mais rien n’aurait pu nous préparer à ce que nous avons vu. Après être entrées dans une maternité d’une clinique que nous avons visitée, nous avons vu que les installations étaient si peuplées que chaque lit devait être partagé par au moins trois femmes.

Lorsque nous avons demandé si les femmes séropositives ou atteintes du sida étaient séparées des autres, nous avons appris que, dans le but d’éviter une stigmatisation, elles ne l’étaient pas. Par conséquent, il était possible que des femmes contractent le sida lorsqu’elles recevaient des traitements à la clinique.

De plus, chaque femme était tenue d’apporter avec elle une trousse de mère, qui pouvait contenir une bougie, un morceau de plastique pour servir de siège, un nécessaire à suture et des gants. Les femmes qui se présentaient à la clinique sans cette trousse étaient renvoyées chez elles.

Nous avons aussi appris que la clinique était privée d’électricité et d’eau depuis trois semaines parce que le gouvernement n’avait pas payé les factures. Cela signifie que, chaque soir, une vingtaine d’accouchements se faisaient à la chandelle.

Lors de notre passage à la clinique, nous avons rencontré Theresa. Nous l’avons écoutée crier en raison des douleurs que lui causaient ses contractions, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Elle a appelé à l’aide, mais elle était toute seule parce qu’il n’y avait pas de place pour qu’un parent l’accompagne. Lorsque nous sommes retournées la voir le lendemain avec un peu d’appréhension, nous avons vu Theresa tenir dans ses bras sa magnifique petite fille. Elle nous a dit qu’elle avait accouché à la chandelle pendant la nuit et que l’infirmière avait eu beaucoup de difficulté à faire les points de suture dans le noir. Cependant, tout cela importait peu à Theresa maintenant qu’elle avait un bébé en bonne santé. Même si les installations étaient moins qu’idéales, c’était beaucoup mieux que l’autre possibilité, qui aurait été un accouchement à la maison.

La vie de la mère est un droit de la personne et je suis fière que le Canada ait choisi d’ouvrir la voie en faisant en sorte que les taux de mortalité des mères et des enfants diminuent dans le monde en développement.

Honorables sénateurs, je sais que vous conviendrez avec moi qu’il faut renouveler notre engagement en faveur de la santé de la mère et de l’enfant pour que nous continuions de travailler fort en vue d’atteindre les objectifs que nous avons fixés lors du sommet du G8.