Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 55

Le mercredi 29 février 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

Le Mois de l’histoire des Noirs

Une société harmonieuse

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour souligner la dernière journée du Mois de l’histoire des Noirs et pour parler des remarquables contributions historiques des jeunes Noirs au Canada. Depuis quelques années, j’ai l’honneur et le privilège de collaborer à différents projets avec un grand nombre de jeunes Canadiens de race noire. J’ai observé avec beaucoup d’admiration ce que ces jeunes gens apportent à leurs collectivités et au Canada. Je suis consciente que le Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de réfléchir à ce que les Canadiens de race noire ont apporté au pays et de souligner leurs réalisations, mais je crois qu’il est aussi important de reconnaître les défis auxquels plusieurs d’entre eux sont encore confrontés.

Ma fille Farzana fait partie de la communauté noire du Canada et j’ai été personnellement témoin des défis qu’elle a dû relever en raison de la couleur de sa peau. Pendant toute son enfance, elle a été laissée de côté. On ne l’invitait pas à des fêtes d’anniversaire et à d’autres activités simplement parce que son apparence différait de celle de ses amis. Elle a subi d’autres formes de racisme parce qu’elle était Noire. Heureusement, Farzana, comme de nombreux autres Canadiens de race noire, s’en est bien sortie malgré ces difficultés d’ordre social. Toutefois, plusieurs autres Canadiens de race noire ne s’en sortent pas aussi bien.

Au cours des dernières semaines, à titre de membre du Comité permanent des affaires juridiques et constitutionnelles, j’ai étudié le projet de loi C-10, Loi sur la sécurité des rues et des communautés. Pendant cette période, j’ai eu des contacts avec un mouvement qui s’appelle Blacks Behind Bars, qui m’a sensibilisée à la surreprésentation des Canadiens de race noire dans les prisons et aux conséquences négatives qu’aura ce projet de loi sur toutes les minorités au Canada.

Honorables sénateurs, nous soulignons le Mois de l’histoire des Noirs, mais nous ne devons pas oublier que, en tant que sénateurs, nous avons le devoir de protéger tous les citoyens canadiens, plus particulièrement les minorités, y compris les Canadiens de race noire.

Lorsque j’étais petite, mon père voulait que je fasse de la politique et ma mère voulait que je devienne pianiste. Même si on devine aisément qui a gagné, pendant plusieurs années, j’ai essayé d’apprendre à jouer du piano. Je me revois me disputant avec ma mère lorsqu’elle me forçait à m’exercer au piano. Je n’ai jamais vraiment aimé jouer du piano et, dans un élan de rébellion contre ma mère, je jouais seulement avec les touches noires ou avec les blanches, ce qui donnait évidemment un son fort déplaisant. Toutefois, cela m’a aussi appris une importante leçon : dans la vie, comme dans la musique, vous ne devez pas jouer uniquement avec les touches noires ou les touches blanches, car le résultat ne sera jamais harmonieux.

Au moment de célébrer le Mois de l’histoire des Noirs, j’invite tous les sénateurs à reconnaître l’importance de nous rapprocher et de mettre de côtés nos différences afin de créer une société qui vit en harmonie, un Canada harmonieux.