Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 61

Le mercredi 14 mars 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

Les femmes vivant dans des régions où se déroulent des conflits

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, la semaine dernière, la communauté internationale a souligné la Journée internationale de la femme. Je tiens aujourd’hui à rendre hommage à tous les sénateurs, d’hier et d’aujourd’hui, qui ne ménagent aucun effort pour améliorer la vie des gens d’ici et d’ailleurs. J’en profite pour souligner leurs efforts et pour les remercier des services qu’ils ont rendus au Canada et à la communauté internationale.

Bien que nous ayons fait de grands progrès et que la vie des femmes se soit beaucoup améliorée au Canada et à l’étranger, vous conviendrez sans doute qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Il est important de ne pas oublier les difficultés que les femmes doivent surmonter et les problèmes qu’elles affrontent au quotidien.

Hier soir, nous avons tous reçu un poème de Mme Miriam Katawazi. Aujourd’hui, j’aimerais prendre un instant pour vous le lire et pour rendre hommage à toutes les femmes qui, contrairement à nous, vivent dans des zones de conflits et voient leur enfant mourir, ce qui est probablement la pire des douleurs qu’une mère puisse connaître, une douleur qui ne s’éteint jamais. Le poème s’intitule Le garçon au pyjama rouge.

Il se fait tard et les enfants ont faim.
Elle a déjà vendu ses trésors et maintenant n’a plus rien.
Elle envoie donc son petit se coucher,
Dans l’espoir qu’endormi, son ventre saura se calmer.
Elle le regarde s’éloigner sur ses petites jambes
Et sait qu’elle l’aime complètement, qu’elle aime son enfant.
Quand il s’est assoupi sur ce qui lui sert de lit,
Elle s’endort d’avoir trop pleuré, les yeux sur sa bague d’épousée.
Elle a un instant de bonheur à l’idée d’avoir encore un trésor à monnayer,
Pour que son enfant, demain au moins, ait quelque chose à manger.
Le lendemain, au petit matin…Un cri déchirant éveille tout l’Afghanistan,
Un cri qui secoue tous les cœurs, même les plus endurcis.
Un garçonnet en pyjama rouge git dans les bras de sa mère,
Qui n’est plus qu’une grande burka bleue qui tremble encore et encore.
Des voisins l’entourent, dans le silence de cette horreur indicible,
Réalité maintes fois annoncée et maintes fois vécue.
Le garçon au pyjama rouge rejoint la grande masse
Des gens fauchés par une balle en plein sommeil.
Si vous tendez l’oreille,
Si vous oubliez les bourdonnements vides des médias,
Vous entendrez le cri déchirant d’une mère, au-delà des océans et des mers,
Vous sentirez la terre trembler quand ils mettront
Le garçon en rouge dans un trou profond.
Car l’âme même de la terre sera secouée
Quand la petite main rouge de sang
Touchera les doigts fatigués de la mère dans ce dernier instant…