Débats du Sénat (hansard)
1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 73
Le mardi 1er mai 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président
Buy-A-Net
La prévention du paludisme
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, depuis quelques années, je travaille aux côtés du député Patrick Brown à titre de vice-présidente de l’Association multipartite contre la malaria. De plus, j’ai collaboré étroitement avec l’organisme de bienfaisance ontarien Buy-A-Net et un certain nombre d’autres organisations en vue de l’éradication du paludisme.
Je voudrais profiter de cette occasion pour souligner le travail de trois femmes extraordinaires, les Canadiennes Debra Lefebvre et Gail Fones et l’Ougandaise Sarah Komugisha, qui sont toutes trois membres de l’organisme Buy-A-Net. Je voudrais également souligner le travail du Dr Martin Nkundeki, le bénévole résident en Ouganda depuis plus de six ans.
Mercredi dernier, le 25 avril, tandis que la communauté internationale célébrait la Journée mondiale du paludisme, je suis retournée à Katagoo, village de l’Ouganda, pour me joindre à d’autres membres de Buy-A-Net et distribuer plus de 500 moustiquaires enduites d’insecticide. J’avais visité le village pour la première fois lorsque le sénateur Stewart Olsen et moi avions accompagné le premier ministre Harper en Ouganda à l’occasion de la Conférence du Commonwealth. J’avais visité ce visage au nom du premier ministre et des Canadiens et, au cours des six dernières années, je suis retournée dans la région à plusieurs reprises.
Au fil des ans, je me suis fait à Katagoo plusieurs amis, dont Irene. Irene et moi sommes toutes deux grands-mères. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous étions devenues amies, il y a six ans, parce que nous venions toutes les deux d’avoir des petits- enfants. Nous avons toujours eu beaucoup d’histoires à nous raconter au sujet de nos chers petits, Adam et Ayaan.
Mercredi dernier, Irene, contrairement à son habitude, ne disait rien. Je l’ai observée, troublée par son silence, puis je lui ai demandé pourquoi elle se taisait et avait l’air malheureux. Fondant en larmes, elle m’a expliqué que j’étais arrivée trop tard avec les moustiquaires : son petit-fils, Adam, avait succombé au paludisme. Je l’ai serrée dans mes bras en cherchant des mots pour la consoler.
Honorables sénateurs, le paludisme est l’une des principales causes des décès d’enfants de moins de cinq ans. Il a tué un grand nombre d’enfants qui vivaient en Afrique subsaharienne, comme Adam. En fait, toutes les 50 secondes, un enfant meurt du paludisme en Afrique. Sarah, le Dr Martin et moi, accompagnés de nombreux volontaires du village qui s’étaient joints à nous pour distribuer les moustiquaires, avons eu une dure journée. Sarah, qui avait passé des heures à faire tous les préparatifs nécessaires, a été très déçue parce que les conditions météorologiques n’étaient pas favorables. Toutefois, tandis que nous parcourions les villages mercredi dernier, même la pluie torrentielle n’a pas réussi à diminuer l’enthousiasme de ceux qui attendaient avec impatience de recevoir leur moustiquaire.
Ces grandes moustiquaires, qui peuvent protéger jusqu’à quatre personnes en même temps, forment un écran de défense qui protège les familles contre le paludisme. Il est établi que la possession d’une moustiquaire réduit de 23 p. 100 le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Malheureusement, c’est le cœur gros que nous avons dû renvoyer chez elles plusieurs familles parce que nous n’avions plus de moustiquaires à distribuer.
Honorables sénateurs, les effets du paludisme sur les pays en développement sont désastreux. Nous, Canadiens, avons les ressources et les moyens nécessaires pour mener la lutte contre le paludisme. Il nous suffit d’avoir la volonté de le faire.