Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 76

Le mardi 8 mai 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La santé de la mère et de l’enfant dans le monde

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, étant donné que plusieurs d’entre nous célébreront la fête des Mères au Canada la fin de semaine prochaine avec nos familles, je prends la parole aujourd’hui pour parler des difficultés auxquelles sont confrontées les mères dans le monde en développement.

Plus de 350 000 femmes meurent chaque année de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, et 99 p. 100 d’entre elles vivent dans des pays en développement. Chaque année, plus d’un million d’enfants deviennent orphelins de mère. Les enfants qui perdent leur mère sont 10 fois plus susceptibles de mourir prématurément que les autres.

En septembre 2000, conjointement avec 188 pays membres des Nations Unies, le Canada a fait la promesse de collaborer pour lutter contre la pauvreté extrême dont souffrent plus d’un milliard de personnes dans le monde chaque jour. Au moyen de huit Objectifs du Millénaire pour le développement, en tant que pays, nous avons fixé des cibles et des échéanciers qui contribueraient à lutter contre la faim, à réduire la mortalité infantile, à combattre le VIH-sida et le paludisme et à améliorer la santé des mères.

Je travaille à améliorer la santé des mères et des enfants depuis plusieurs années et j’ai pris la parole au Sénat à maintes occasions pour faire part des expériences que j’ai vécues auprès de quelques- unes des populations les plus marginalisées dans le monde. Il y a quelques semaines, quand je suis retournée en Ouganda pour poursuivre mes travaux sur la santé des mères et le paludisme, j’ai eu le plaisir de visiter une clinique de santé maternelle récemment construite dans une région rurale près de la capitale. J’ai eu l’occasion de discuter avec plusieurs infirmières qui travaillent à la clinique. Elles m’ont raconté des histoires qui montrent combien cette clinique a aidé un très grand nombre de femmes vivant dans les villages environnants.

Une infirmière m’a amenée auprès d’une jeune femme nommée Rebecca, qui était désormais l’heureuse mère de trois enfants. Comme elle avait déjà accouché deux fois, Rebecca était sûre qu’elle pourrait donner naissance à son bébé sans grande difficulté. Malheureusement, elle avait tort : son bébé était dans une position qui rendait difficile l’accouchement par la filière pelvienne. Heureusement, Rebecca a pu arriver à la clinique à temps et un médecin a pratiqué une césarienne d’urgence.

L’infirmière a poursuivi en expliquant que si cela s’était produit l’année dernière, avant l’ouverture de la clinique, Rebecca aurait probablement souffert d’une fistule, une blessure liée à l’accouchement qui mène à l’incontinence, à l’isolement et à la honte des femmes. Avoir accès à des soins néonataux de base a changé la vie de Rebecca et de ses enfants. En effet, ces derniers ont encore une mère à plein temps.

Honorables sénateurs, depuis que les Objectifs du Millénaire pour le développement ont été établis en 2000, le Canada a fait de grands progrès pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant chez les populations des pays en développement. Cela n’est qu’un exemple de la différence que nous pouvons faire dans la vie des femmes et des enfants qui vivent dans le monde en développement. Cependant, il reste encore beaucoup de travail à faire avant l’échéance de 2015.

Le 18 septembre 2000, le Canada a signé la Déclaration du Millénaire des Nations Unies, qui dit ce qui suit :

Nous reconnaissons que, en plus des responsabilités propres que nous devons assumer à l’égard de nos sociétés respectives, nous sommes collectivement tenus de défendre, au niveau mondial, les principes de la dignité humaine, de l’égalité et de l’équité. En tant que dirigeants, nous avons donc des devoirs à l’égard de tous les citoyens du monde, en particulier les personnes les plus vulnérables […]

Nous devons maintenant être fidèles à cette promesse.