Débats du Sénat (hansard)
1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 89
Le mardi 12 juin 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président
Le Groupe interparlementaire Canada-Japon
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, en mai, j’ai eu l’honneur de me joindre au sénateur Tkachuk et au Groupe interparlementaire Canada-Japon dans le cadre d’une visite au Japon. À notre arrivée, nous avons été chaleureusement accueillis par Jonathan Fried, l’ambassadeur du Canada au Japon, et son personnel. Nous avons également eu le plaisir d’être accompagnés par Christopher Burton, Sayaka Noguchi et Stéphane Beaulieu tout au long de notre séjour au Japon, et je les remercie de tout ce qu’ils ont fait pour le rendre si mémorable.
(1410)
Je profite également de l’occasion pour remercier Son Excellence l’ambassadeur Kaoru Ishikawa et son personnel, qui m’ont aidée à me préparer en vue de ce voyage.
Pendant notre séjour au Japon, le Président de la Diète a présenté les membres de notre délégation à la Ligue d’amitié des parlementaires Japon-Canada et a par la suite gracieusement accepté de nous rencontrer à diverses reprises. Plusieurs membres de la Ligue d’amitié des parlementaires Japon-Canada nous ont expliqué le système parlementaire japonais et les conséquences du séisme et du tsunami qui ont dévasté l’Est du pays. Nous avons également eu le plaisir de rencontrer MM. Goto, Murata, Ohata, Kawagoe et Kuwabara, ainsi que Mmes Tanioka et Tamei, qui ont voyagé avec nous.
Lorsque j’étais jeune, honorables sénateurs, ma mère m’a enseigné que notre plus proche parent est notre voisin, car, en cas d’urgence, il serait le premier à nous venir en aide. En tant que sénateur de la Colombie-Britannique, j’ai toujours ressenti un lien avec nos voisins du Japon, et j’ai souvent apprécié leur culture, leur cuisine et leur art. En fait, mon petit-fils Ayaan ne sait pas que les sushis et la sauce teriyaki sont d’origine japonaise. Il croit qu’il s’agit de mets canadiens.
Malheureusement, lorsque la tragédie a frappé l’Est du Japon, j’ai faussement cru que je comprenais l’effet dévastateur que le séisme et le tsunami avaient eu sur le peuple japonais. Ce n’est qu’il y a quelques mois, lorsqu’un conteneur renfermant une moto a été retrouvé sur les côtes de la Colombie-Britannique, que la perte subie par le peuple japonais m’a vraiment frappée. Mon mari Nuralla, un motocycliste, a été bouleversé en songeant à la douleur d’un autre motocycliste.
Au Japon, j’ai commencé à comprendre encore plus les pertes qu’avaient subies les Japonais. Honorables sénateurs, rien ne m’avait préparée à ce que j’ai vu. Dans les zones sinistrées, nous avons vu littéralement des montagnes de débris, de béton, d’acier et de biens appartenant aux habitants. Nous avons vu des maisons portatives provisoires près desquelles jouaient des enfants. Nous avons vu les restes d’écoles, leurs murs disloqués et leurs fenêtres pulvérisées. Dans ma tête, j’entends encore les jeunes écoliers et leurs enseignants emprisonnés dans les murs de l’école et appelant désespérément à l’aide.
À Minami Sanrikucho, nous avons vu une charpente d’acier rouge et on nous a expliqué que c’était le centre de secours en cas de catastrophe, qui était censé résister aux tsunamis. Nous avons aussi entendu la voix de Miki Endo, « la voix d’un ange », comme ils disent maintenant, car elle a courageusement sauvé des milliers de vies en diffusant à la radio des messages d’alerte au tsunami jusqu’au moment où elle est morte emportée par la vague.
Honorables sénateurs, je vous fais part de ce que j’ai vu au Japon pour vous faire mieux comprendre les pertes terribles qu’ont subies nos voisins du Japon. Les Japonais sont un peuple résilient, que symbolise de façon émouvante un pin solitaire resté debout dans la zone du tsunami là où il y avait auparavant une forêt.
Honorables sénateurs, si notre voisin est notre plus proche parent, alors nous devons épauler le peuple japonais. Je suis certaine qu’ils surmonteront cette épreuve pénible, mais il nous appartient de les accompagner sur le chemin de la guérison.