Débats du Sénat (hansard)
1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 95
Le jeudi 21 juin 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président
La Journée mondiale des réfugiés
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, chaque minute, huit personnes abandonnent leur famille et leurs biens pour fuir les guerres, les conflits et la persécution.
Hier, le 20 juin 2012, la communauté internationale a souligné la Journée mondiale des réfugiés décrétée par les Nations Unies. J’ai repensé à ma propre expérience en tant que réfugiée et j’ai récité une prière pour les hommes, les femmes et les enfants partout dans le monde qui sont désespérément à la recherche de protection.
Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, les conflits, les guerres et la violence ont séparé des millions de réfugiés de leurs êtres chers, ce qui est sans aucun doute le plus terrible sort qu’on peut connaître. Une seule famille séparée par la guerre et les conflits, c’est une famille de trop.
On estime que, en 2011, 4,3 millions de personnes ont été nouvellement déplacées et sont devenues des réfugiés à cause de conflits ou de persécutions. Plus de 800 000 personnes ont fui leur pays en tant que réfugiés, soit le plus grand nombre en plus d’une décennie. En outre, 35 millions de personnes de plus ont été nouvellement déplacées à l’intérieur des frontières de leur pays, ce qui représente une hausse de 20 p. 100 par rapport à 2010.
António Guterres, haut-commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés, a déclaré ceci :
L’année 2011 a été le théâtre de profondes souffrances. Tant de déracinés happés dans la tourmente en un laps de temps très court entraîne un coût élevé au plan personnel pour toutes les personnes affectées.
Honorables sénateurs, à l’occasion d’une récente visite en Ouganda, j’ai rencontré une mère somalienne prénommée Fatima. Fatima avait littéralement parcouru 1 000 milles à pied, avec ses cinq enfants, depuis un lieu près de Mogadiscio, capitale de la Somalie, jusqu’à Dadaab, au Kenya, où se trouve le plus grand camp de réfugiés au monde, qui abrite environ 500 000 personnes. Elle a ensuite poursuivi sa route jusqu’en Ouganda pour fuir les gangs de jeunes de ce camp.
Fatima a déclaré que, après avoir marché pendant plusieurs jours, sa fille aînée a été violée par des membres de la milice, qui ont obligé Fatima et ses autres enfants à assister à la scène. Ce drame a évidemment traumatisé toute la famille. Ce n’est que lorsqu’ils ont enfin atteint le camp de Dadaab qu’elle a enfin pu obtenir de l’aide pour sa fille. Même si elle en est reconnaissante, elle a appris que ses fils s’étaient joints à un gang de jeunes et elle craint pour leur sécurité.
Fatima m’a expliqué que sa famille et elle vivaient assez confortablement avant les désordres civils en Somalie. Malheureusement, son mari et un de ses fils ont été tués, et un autre de ses fils a disparu. Elle s’est enfuie de chez elle, n’emportant que les vêtements qu’elle portait, pour protéger le reste de la famille. Elle m’a dit que, si elle avait su à quels dangers elle s’exposait en fuyant, elle aurait pris le risque de rester chez elle.
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Elle a dû surmonter des difficultés épouvantables, mais elle était très déterminée à aider sa famille à se relocaliser et voulait que ses enfants puissent retourner à l’école. Plus j’en apprenais sur Fatima, plus je l’admirais. Elle a réussi à rester forte et courageuse, même dans l’adversité extrême. Tout ce qu’elle a fait pour protéger sa famille m’inspire aussi beaucoup de respect.
Honorables sénateurs, il y a beaucoup de femmes courageuses comme Fatima, qui ont été forcées de fuir leur domicile dans des circonstances extrêmes pour sauver la vie de leurs enfants. En cette Journée mondiale des réfugiés, je salue toutes ces femmes et j’applaudis leur force, leur courage et leur persévérance.