Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 127

Le jeudi 6 décembre 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La Journée internationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, il y a 23 ans, le 6 décembre 1989, Marc Lépine a tiré sur 28 personnes à l’École Polytechnique de Montréal. Tôt dans la soirée, Lépine est entré dans une classe de génie mécanique d’environ 60 étudiants. Il a gardé avec lui les neuf femmes présentes et ordonné aux hommes de partir. Il a déclaré ceci :

Je lutte contre le féminisme. Vous êtes des femmes, et vous allez devenir des ingénieurs. Vous êtes toutes une bande de féministes. J’haïs les féministes.

Puis, au moyen d’un fusil semi-automatique obtenu légalement, il a ouvert le feu sur ces femmes, tuant six d’entre elles et en blessant les trois autres. Lépine a tué 14 femmes pendant son attaque, qui a duré 45 minutes. Le massacre de l’École Polytechnique demeure une des plus importantes attaques contre des femmes de l’histoire du Canada.

Ces jeunes femmes ont été tuées simplement parce qu’elles étaient des femmes. Aujourd’hui, honorables sénateurs, nous nous souvenons de ces 14 femmes assassinées ce jour-là. Aujourd’hui, alors que nous chérissons nos sœurs et nos filles, nos mères et nos grands-mères, nos voisines et nos amies, nous tentons également d’imaginer la douleur et la peine qu’entraîne la perte d’un être cher aux mains de la violence et de la haine.

Plusieurs d’entre nous connaissent cette terrible douleur. C’est pourquoi, en cette Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, nous devons décider de nous consacrer, avec chaque fibre de notre être, à faire davantage pour combattre cette violence. Nous, sénateurs, devons en faire plus pour lutter contre la violence dans les médias. Nous devons en faire plus pour lutter contre la pauvreté, l’isolement et l’aliénation. Nous devons faire davantage pour prévenir les actes de violence commis à l’aide d’armes à feu.

Les statistiques sur la violence faite aux femmes sont troublantes. En ce moment même, au Canada, plus de 3 000 femmes et 2 500 enfants vivent dans des refuges pour échapper à la violence familiale. La moitié des femmes canadiennes ont vécu au moins un incident de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 16 ans. Soixante pour cent des femmes handicapées vivent une certaine forme de violence. En 2010, on dénombrait au Canada 582 femmes autochtones disparues ou assassinées.

Honorables sénateurs, la journée d’aujourd’hui en est une de commémoration, de deuil et de réflexion. Nous tendons la main aux membres des familles des 14 jeunes femmes qui ont perdu la vie il y a 23 ans.

Nous savons que vous êtes habités par cette douleur liée à la perte d’un être cher. Nous nous rappelons de toutes les jeunes femmes qui ont été victimes de violence et nous tendons la main à leurs familles. Aujourd’hui, nous nous souvenons de ces 582 femmes autochtones portées disparues et nous tendons la main à leurs familles.

Nous ne vous avons pas oubliés, et nous n’avons pas oublié vos filles et vos sœurs.

Merci.

Des voix : Bravo!