1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 133

Le mardi 5 février 2013
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

Le décès de l’honorable Laurier L. Lapierre, O.C.

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à quelqu’un que je respecte beaucoup, l’ancien sénateur Laurier LaPierre, qui est mort en décembre dernier à l’âge de 83 ans.

[Traduction]

Le sénateur LaPierre s’est fait connaître sur la scène nationale grâce à This Hour has Seven Days, une émission d’actualités hebdomadaire diffusée de 1964 à 1966 sur CBC. Il n’hésitait pas à afficher publiquement sa passion et ses émotions, ce qui, c’est bien connu, ne plaisait pas à tout le monde. C’est pourtant grâce à cette empathie qu’il a exercé une influence positive sur bien des gens. Le sénateur comprenait ce que les autres vivaient et, souvent, s’y identifiait. Pensons, par exemple, à sa réaction lorsqu’il a interviewé Steven Truscott, un garçon de 14 ans condamné à l’emprisonnement à perpétuité pour le meurtre d’une jeune Ontarienne, une affaire qui a relancé de plus belle le débat sur la peine capitale. Hélas, pour CBC, afficher ses émotions, c’était manquer de professionnalisme. Le sénateur LaPierre a versé une larme devant les caméras et, peu de temps après l’entrevue avec Steven Truscott, son contrat a été résilié.

Patrick Watson, qui coanimait This Hour has Seven Days, a dit ceci :

Je dois à Laurier certains de mes meilleurs souvenirs devant la caméra.

Depuis longtemps, j’étais moi-même une grande admiratrice, de loin, du sénateur LaPierre, et j’ai donc été absolument ravie lorsque le premier ministre Jean Chrétien nous a nommés au Sénat, en 2001. Nous étions voisins de banquette. Alors que nous nous familiarisions tous les deux avec le Règlement de notre assemblée, il m’a vite appris que si certaines règles étaient inviolables, d’autres devaient être contestées. Il respectait toujours l’esprit premier d’une règle, mais pas nécessairement la lettre.

Au cours de son mandat au Sénat, il a ardemment défendu les droits de la personne, en particulier les droits des Autochtones, des gais et des lesbiennes. Il s’est également prononcé avec passion sur les questions liées au bilinguisme.

C’était un voisin de pupitre fort agréable, qui avait un sens de l’humour extraordinaire. Il a un jour invoqué le Règlement à propos des appareils Blackberry. Il était toujours irrité de me voir utiliser constamment mon petit appareil. Le sénateur LaPierre avait l’habitude d’exprimer tout haut ce qu’il pensait. Nous savons tous qu’il était loin d’être timide. Il n’hésitait jamais à donner son avis sur des questions sur lesquelles les autres restaient silencieux. Le 22 octobre 2002, il a déclaré ceci :

Honorables sénateurs […] de nombreux membres de cet auguste groupe se servent de ce petit appareil appelé « Blackberry », « blueberry », « raspberry » ou je ne sais trop quoi et obtiennent toute l’information dont ils ont besoin. Ceux d’entre nous qui souffrent d’arthrite aux mains ne peuvent pas se servir de ce genre d’appareil. Il s’ensuit que nous faisons l’objet de discrimination parce que nous ne pouvons pas apporter nos ordinateurs dans la salle.

Le conjoint du sénateur LaPierre, Harvey Slack, a toujours été plein de sollicitude envers lui et ses amis. Nous pleurons avec lui un grand homme qui avait vraiment à cœur l’unité du Canada et le bien-être des Canadiens.

[Français]

Mon ami Laurier, tu n’as jamais rendu ta vie facile. Tu t’es toujours battu contre des moulins à vent.

Tu as toujours pris un chemin différent que le reste d’entre nous pour le bien de l’humanité. Tu vas nous manquer. Repose en paix.