1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 134
Le mercredi 6 février 2013
L’honorable Noël A. Kinsella, Président
La violence faite aux femmes
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet du problème de la violence faite aux femmes dans le monde.
Le 16 décembre 2012, une femme de 23 ans de New Delhi rentrait chez elle après être allée au cinéma avec un ami. Ils sont montés à bord d’un autobus avec six jeunes hommes. Cette femme et son ami ont été attaqués et volés, et elle a été brutalement violée par les six hommes et brutalisée au moyen d’une barre de fer. Après avoir roulé pendant des heures, les hommes ont finalement jeté les corps nus de leurs victimes sur la route. La jeune femme a été transportée par hélicoptère jusqu’à un hôpital de Singapour, où elle est décédée de lésions internes le 28 décembre 2012. Même si cet incident a été fortement médiatisé, il n’est pas le seul exemple récent.
Malgré la récente croissance économique de l’Inde, les femmes demeurent en grande partie considérées, et traitées, comme des objets. Selon un récent sondage, l’Inde serait le pire endroit pour être une femme parmi les pays du G20. Le nombre de viols y a augmenté de 875 p. 100 ces 40 dernières années. Selon les propres statistiques de ce pays, deux femmes sont violées chaque heure en Inde, et le nombre de viols a augmenté de 20 p. 100 entre 2007 et 2011. Selon le service de police de New Delhi, la capitale, une femme y est violée toutes les 18 heures et agressée toutes les 14 heures. De plus, il ne s’agit que des attaques qui sont signalées.
Les préjugés culturels dissuadent nombre de victimes de dénoncer la violence sexuelle. Selon une revue d’affaires internationales de l’Université de la Californie, à San Diego, seulement 10 p. 100 des viols commis en Inde sont dénoncés. En 2011, le taux de condamnation global représentait 26,4 p. 100 du nombre total d’affaires portées devant les tribunaux, soit 4 072 condamnations, pour 11 351 acquittements.
Les statistiques au Canada sont également troublantes. En 2010, on dénombrait au Canada 582 femmes autochtones portées disparues ou assassinées, et leur nombre ne cesse de croître. Plus de 3 000 femmes vivent dans des centres d’hébergement pour échapper à la violence conjugale. De plus, une Canadienne sur 17 sera victime de viol durant sa vie. Dans 80 p. 100 des cas, ces agressions ont lieu au domicile de la victime.
Les manifestations qui ont eu lieu partout en Inde à la suite de la perpétration de ce crime et les manifestations silencieuses organisées ici au Canada sont de bon augure, mais il n’est pas suffisant de manifester et d’espérer. Nos filles et nos sœurs pourraient subir le même sort que celui de la jeune femme de Delhi. Nous devons nous joindre à l’Inde et à sa population pour changer les choses. Nous pouvons donner l’exemple en en faisant davantage pour protéger les femmes et les jeunes filles et veiller à leur donner les moyens d’agir au Canada et partout dans le monde, car elles ne méritent rien de moins que la pleine reconnaissance de leur droit inaliénable à la sécurité et à une vie sans violence.