1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 144

Le jeudi 7 mars 2013
L’honorable Donald H. Oliver, Président intérimaire

La Journée internationale de la femme

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, la Journée internationale de la femme est une occasion de réfléchir au chemin déjà parcouru et à ce qui reste à faire pour promouvoir les droits des femmes au Canada et ailleurs dans le monde. Lorsque je pense aux droits des femmes ici, au Canada, mes pensées vont d’abord vers ces 582 femmes autochtones portées disparues ou assassinées recensées dans le cadre de la campagne Sœurs dans l’esprit, il y a trois ans. Nul ne sait combien elles sont aujourd’hui. Honorables sénateurs, je me demande si nous faisons tout ce que nous pouvons pour protéger le droit de toutes les femmes de vivre sans craindre la violence.

Toutefois, la Journée internationale de la femme est aussi une occasion de souligner les progrès réalisés. Le mois dernier, le service des poursuites pénales de l’Afrique du Sud a annoncé qu’il enquêterait sur les crimes contre l’humanité qui auraient été commis par le parti politique de Robert Mugabe, président du Zimbabwe.

Dans un rapport publié en 2009, l’ONG AIDS-Free World accusait le parti au pouvoir au Zimbabwe d’avoir mené, avant les élections présidentielles de 2008, une campagne brutale, planifiée et cruelle destinée à intimider les électeurs en violant les femmes associées au parti de l’opposition. Des groupes de défense des droits de la personne estiment que 2 000 femmes, allant de fillettes de cinq ans à de vénérables grands- mères, ont été violées entre mai et juillet 2008. C’est la première fois qu’un gouvernement africain invoque ses propres lois pour enquêter sur un pays voisin, en vertu de la compétence universelle, pour un crime de violence sexuelle.

Selon le Globe and Mail, la décision de l’Afrique du Sud est un signe de la résistance grandissante contre l’usage du viol en tant que tactique politique.

Voilà un progrès, honorables sénateurs. Comme Paula Donovan, directrice de l’organisation AIDS-Free World l’a expliqué, l’enquête sans précédente entreprise par l’Afrique du Sud constitue un message très clair à l’intention des agresseurs : ce sont des gestes à ne pas répéter, car nous sommes tous attentifs et nous les surveillons. Les Zimbabwéens voteront pour adopter une nouvelle constitution dans un peu plus d’une semaine. Dans quelques mois, il y aura des élections présidentielles, et le président Mugabe sera de nouveau candidat.

Honorables sénateurs, la situation au Zimbabwe n’a rien d’exceptionnel. Un rapport publié en 2009 mentionne que le Fonds des Nations Unies pour la population fait état de 15 996 nouveaux cas de violence sexuelle en une seule année en République démocratique du Congo. Soixante-cinq pour cent des victimes sont des enfants. Dix pour cent d’entre eux ont moins de 10 ans.

En octobre dernier, le premier ministre Harper a annoncé que le Canada s’engageait à jouer un rôle de chef de file dans la campagne internationale visant à prévenir la violence sexuelle liée à des conflits. En vertu de l’article 6 de la Loi sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre du Canada, quiconque commet à l’étranger un génocide, un crime contre l’humanité ou un crime de guerre est coupable d’un acte criminel et peut être poursuivi par le Canada pour cette infraction.

Honorables sénateurs, à la veille de la Journée internationale de la femme nous devons trouver le courage d’agir et de protéger les femmes qui sont violées en République démocratique du Congo. Le Canada peut s’inspirer des mesures prises par l’Afrique du Sud. En tant que pays, il nous incombe de protéger les femmes et les enfants de la République démocratique du Congo.