1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 162

Le jeudi 9 mai 2013
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La Syrie

L’instabilité politique et la violence

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, plus ou moins 6,8 millions de Syriens, soit près du tiers de la population, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, dont environ 3,1 millions d’enfants — à peu près la moitié. Ce chiffre a donc bondi de 5,8 millions en un an, car il n’était que de plus ou moins 1 million en mars 2012. Presque la moitié de cette hausse est survenue au cours des quatre premiers mois de cette année.

Depuis quelques mois, le nombre de personnes déplacées a plus que doublé en Syrie, passant d’à peu près 2 millions à 4,25 millions. Le nombre de réfugiés qui fuient la Syrie vers les pays limitrophes ou l’Afrique du Nord a, lui, grimpé de presque 850 000 au cours des quatre premiers mois de 2013. Le lundi 6 mai, plus de 1,4 million de réfugiés syriens étaient inscrits ou attendaient de l’être en Égypte, en Irak, en Jordanie, au Liban, en Turquie et en Afrique du Nord.

Honorables sénateurs, le conflit qui sévit en Syrie n’a pas pour théâtre des champs de bataille isolés, mais bien des milieux de vie, et ce sont les femmes et les enfants qui en paient le plus le prix. De surcroît, selon ce que rapporte la commission sur les réfugiés syriens du Comité international de secours, le viol serait une caractéristique aussi majeure que troublante de ce conflit. Je cite le rapport de la commission :

Au Liban, l’équipe du Comité international de secours chargée du dossier des femmes a pris connaissance du cas d’une jeune fille qui, après avoir subi un viol collectif, a été contrainte de se traîner, nue, jusque chez elle, ce qui n’a fait qu’exacerber sa honte dans cette société où l’on prise la pudeur […] On a même raconté au Comité international de secours le cas limite d’un père qui, à l’approche d’un groupe armé, a fait feu sur sa fille pour éviter le « déshonneur » de son viol.

Pour conclure, honorables sénateurs, je citerai un extrait du mémoire du réseau international d’action de la société civile au sujet des activistes de la société civile syrienne.

La communauté internationale doit reconnaître leur résilience et leurs aspirations pour l’avenir et appuyer leurs efforts pour faire face aux conséquences de la guerre.

Leur travail témoigne de la dignité et de l’humanité des Syriens et donne une idée de la Syrie pluraliste et paisible pour laquelle ils luttent.

Honorables sénateurs, comme je vous l’ai signalé, depuis la publication de ce mémoire, il y a quelques mois à peine, la situation en Syrie s’est considérablement détériorée. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour aider les innocents, des femmes et des enfants pour la plupart, qui souffrent de cette guerre qui sévit chez eux.