2e Session, 41e Législature,
Volume 149, Numéro 17

Le jeudi 21 novembre 2013
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La Journée mondiale de l’enfance

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, le 19 novembre, la communauté internationale a marqué la Journée mondiale de l’enfance. Personnellement, j’ai envoyé mes pensées et mes prières aux filles de Kolkata qui travaillent dans la prostitution et que j’ai visitées il y a quelques mois à peine. Je me suis rendue à Kolkata, en Inde, avec Petra Bosma et Jamie McIntosh, de l’organisme International Justice Mission Canada, organisation de défense des droits de la personne qui cherche à rendre justice aux victimes de l’esclavage, de l’exploitation sexuelle et d’autres formes d’oppression violentes.

Alors que nous traversions l’un des quartiers chauds en voiture, j’ai été frappée par le nombre de filles et de femmes que j’y voyais. Il y en avait des milliers. Elles étaient habillées de toutes sortes de façons différentes. Puis, mon regard a croisé celui d’une femme qui semblait avoir mon âge. Nous sommes restées les yeux dans les yeux. Je suis sûre qu’elle pouvait voir dans mes yeux que je me demandais pourquoi, à son âge, elle attendait en ligne pour se faire vendre par un proxénète. Elle m’a fixée du regard, les yeux pleins de colère, et je ne comprenais pas pourquoi elle m’en voulait. À la fin de notre tour de voiture, j’ai vu une jeune fille népalaise qui n’avait pas plus de 12 ans. Ses yeux exprimaient la trahison totale qu’elle ressentait. Avant que j’aie pu dire ou faire quoi que ce soit, elle s’est enfuie.

Lorsque nous sommes rentrées à l’hôtel, je me suis assise sur mon lit, fixant le mur. Je me sentais sale, accablée et découragée. Plus j’y réfléchissais, plus je comprenais pourquoi la femme et la fille qui ont croisé mon chemin m’ont regardée avec autant de colère et de trahison dans les yeux. Si elles se sentaient trahies, c’est probablement parce qu’elles trouvaient que les politiciens et les dirigeants les avaient abandonnées, et elles avaient raison. Elles comprennent que nous avons le pouvoir de les aider, mais que nous ne le faisons pas. Nous permettons que leur sort reste inchangé.

La femme qui semblait avoir mon âge, ses yeux bouillant de colère rivés sur moi, m’en voulait vraiment parce qu’elle pensait que je la jugeais. Elle avait raison de croire que je la jugeais. J’ai beaucoup regretté mon comportement. Je ne suis pas à sa place. Je n’ai pas les mêmes défis à relever, et je ne comprends pas sa situation.

(1340)

J’ai appris une leçon très importante durant mon séjour à Calcutta, en Inde. Les femmes et les enfants victimes de la traite des personnes ne veulent pas de notre pitié ou de notre charité. Ils ne veulent pas dépendre de quelqu’un d’autre. Ils veulent vivre dans la dignité.

Honorables sénateurs, je vous demande de vous joindre à moi pour lutter contre la traite des personnes et aider les 2 millions d’enfants qui, tous les jours, sont privés de leur innocence et de leur dignité. Ensemble, nous pouvons aider les femmes et les enfants, partout dans le monde, à se prévaloir des droits de la personne les plus fondamentaux.

Durant cette Semaine internationale des droits de l’enfant, rappelons-nous que tous les enfants ont des droits et que nous devons les protéger.